COP22: Ouverture du sommet sur le climat de Marrakech... Mais à quoi va-t-il servir?
CLIMAT•Un an après l’accord historique conclu à Paris lors de la COP21, quels sont les enjeux de cette nouvelle conférence qui s'ouvre ce lundi au Maroc?...Audrey Chauvet
Après les paroles, les actes. La 22ème conférence des Nations unies sur le climat, la COP22, ouvre ce lundi à Marrakech. Les délégués des 195 pays qui y seront présents ont encore en tête le coup de marteau de Laurent Fabius, le 12 décembre 2015, qui scellait l’adoption de l’accord de Paris. Un moment historique pour le climat mais qui n’était qu’un coup d’envoi : dès cette année, à Marrakech, il va falloir trouver des moyens d’atteindre l’objectif fixé dans l’accord et limiter le réchauffement climatique mondial.
Une COP « de l’action »
La COP22 s’ouvre déjà sur une bonne nouvelle : après sa ratification par 97 Etats représentant plus de 67,5 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales. « L’accord est entré en vigueur de façon plus rapide que prévue, note Denis Voisin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot. Maintenant, on peut se concentrer sur sa mise en œuvre. »
La COP22 sera donc une COP « de l’action » : maintenant que tout le monde s’est mis d’accord et que les plus grands pollueurs de la planète se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, comment on fait ?
« Il est important que les Etats ne viennent pas les mains vides à Marrakech, rappelle Denis Voisin. Ils doivent se doter de plans de transition énergétique efficaces et de politiques publiques qui les mettent sur une trajectoire de réchauffement limité à +2°C. » Le risque que l’accord de Paris ne soit qu’une coquille vide ou de bonnes intentions non réalisées semble toutefois s’éloigner : « L’accord de Paris a relancé une dynamique à l’échelle internationale qui a permis de trouver des accords internationaux sur l’aviation et les gaz hydrofluorocarbures (HFC) cette année alors qu’on en discutait depuis des années », note Thomas Spencer, directeur de programme Climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).
Et une COP « de l’Afrique »
Les négociateurs ne seront toutefois pas au chômage technique : il reste de nombreux points à trancher dans l’application de l’accord de Paris. Les règles de transparence concernant les informations que les pays devront fournir sur leurs démarches pour limiter leurs émissions devront être mieux définies.
Parallèlement, le financement de l’adaptation au changement climatique et la progression des aides financières seront au cœur de cette COP « de l’Afrique », continent le plus touché par les effets du changement climatique. Sur les 100 milliards de dollars prévus chaque année d’ici à 2020, 67 milliards ont déjà été promis par différents Etats et banques multilatérales, mais les pays les plus pauvres qui « manquent de ressources et d’expertise pour se protéger de manière adéquate des impacts dévastateurs » espèrent de nouvelles ressources, souligne Tosi Mpanu-Mpanu, le porte-parole du groupe des Pays les moins avancés.
Un combat encore loin d'être gagné
Les ONG, qui avaient contribué à faire avancer les négociations sur le texte de l’accord l’année dernière, seront encore bien présentes à Marrakech pour rappeler que le combat contre le changement climatique est encore loin d’être gagné. « On voit que la température continue de monter, que des choses continuent à aller dans la mauvaise direction, par exemple des projets de centrales à charbon qui voient encore le jour », rappelle Denis Voisin.
Les Etats ne devront donc pas se cacher derrière un bel accord encadré dans leurs ministères, mais prendre leurs responsabilités. « Si nous ne commençons pas à prendre des mesures supplémentaires dès maintenant, dès la conférence de Marrakech, nous finirons par pleurer devant une tragédie humaine évitable », alertait ce jeudi Erik Solheim, directeur du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).