Braconnage: Le Kenya a brûlé 105 tonnes d'ivoire
ANIMAUX•Techniquement complexe, l'incinération d'une quantité record d'ivoire a pour but de décourager le braconnage...20 Minutes avec AFP
Un geste symbolique fort face au braconnage. Le Kenya a brûlé ce samedi 105 tonnes d’ ivoire dans le parc national de Nairobi, soit la plus grande quantité d'« or blanc » jamais détruite en une fois.
Face aux caméras du monde entier et sur fond de savane, le président kényan Uhuru Kenyatta a inséré, dans l'apreès-midi, une torche enflammée dans une pyramide constituée de défenses d’éléphants empilées verticalement sur plus de trois mètres de haut.
Dix autres pyramides d’ivoire et une pile de cornes de rhinocéros ont été mises à feu par des invités de marque. Environ 5 % du stock mondial d’ivoire est partit en fumée lors de cette crémation publique, à laquelle ont notamment assisté les présidents de l’Ouganda et du Gabon.
Empêcher l’extinction des éléphants
"Personne, je répète, personne n'a de commerce à faire avec l'ivoire, car ce commerce est synonyme de mort pour nos éléphants et de mort pour notre patrimoine naturel, a affirmé Uhuru Kenyatta lors de cette cérémonie. Pour nous, l'ivoire n'a aucune valeur à part sur nos éléphants." S'adressant aux braconniers, le président Bongo a fait part de sa détermination à les combattre: "Nous allons mettre un terme à votre business et la meilleure chose que vous puissiez faire, c'est de prendre votre retraite."
Uhuru Kenyatta a par ailleurs appelé à l’interdiction totale du commerce de l’ivoire afin d’empêcher l’extinction de cette espèce à l’état sauvage. Car c’est la survie des 450 000 à 500 000 éléphants d’Afrique qui est en jeu, d’ici une à deux générations à peine.
Les annonces de Ségolène Royal
Environ 30 000 éléphants sont abattus chaque année pour leurs défenses par des braconniers de mieux en mieux équipés. La conséquence est dramatique : additionnées, les morts naturelles et celles imputées aux braconniers surpassent le taux de reproduction de l’espèce.
Présente à la cérémonie, la ministre française de l'Environnement Ségolène Royal a défendu la nécessité de "tuer la demande" et annoncé l'interdiction prochaine de tout commerce d'ivoire en France.
« En fait, l’ivoire ne brûle pas »
Si l’événement public organisé samedi n'a duré que quelques heures, l’incinération en elle-même pourrait prendre plusieurs jours. « En fait, l’ivoire ne brûle pas », a expliqué à l’AFP Robin Hollister, responsable pyrotechnique de la crémation. « Si vous tentez d’y mettre le feu avec une allumette ou en le jetant dans un simple feu de bois, cela ne fonctionnera pas. L’extérieur va être carbonisé, mais l’intérieur restera intact, a-t-il assuré. Si vous souhaitez le réduire en cendres, il faut soumettre l’ivoire à de très hautes températures. »
Ces températures seront atteintes grâce à un mélange de gazole et de kérosène injecté avec de l’air sous haute pression au cœur de chacune des pyramides d’ivoire. Ce procédé doit en outre permettre de réussir la crémation en dépit d’un choix de date à première vue curieux : en pleine saison des pluies, des averses sont à craindre, à l’image de celles, diluviennes, qui se sont abattues vendredi sur la capitale kényane.