Le 1er juillet, le début de la fin des sacs plastiques jetables
•Dans les grandes surfaces mais aussi les pharmacies ou sur les ...© 2016 AFP
Dans les grandes surfaces mais aussi les pharmacies ou sur les marchés, les sacs en plastique fin délivrés en caisse seront bien interdits au 1er juillet, à la satisfaction des ONG, qui militent pour des sacs réutilisables, et des fabricants d'emballages compostables.
Le décret confirmant cette interdiction, prévue par la loi sur la transition énergétique votée en août 2015, est paru jeudi au Journal officiel.
Sont concernés les sacs d'épaisseur inférieure à 50 micromètres, sans considération de volume, gratuits ou payants. Autant de «poches» qui servent souvent de festin fatal aux tortues ou aux oiseaux marins.
La mesure s'applique à tous les commerces : alimentation spécialisée (boulangeries, boucheries, etc), petites et grandes surfaces, stations-services, pharmacies, marchés couverts et de plein air, etc.
Elle devait à l'origine entrer en vigueur le 1er janvier. La ministre de l'Environnement Ségolène Royal avait annoncé début février qu'elle s'appliquerait finalement à partir de juillet: «J'ai écouté le besoin de transition» qui s'est exprimé, avait-elle expliqué.
Seront ensuite prohibés, au 1er janvier 2017, les sacs ou emballages en plastique délivrés en rayons pour les denrées alimentaires. Seuls les sacs «biosourcés» (avec une teneur en matière végétale - amidon de pomme de terre, maïs - augmentant progressivement dans le temps jusqu'à 60% en 2025) et compostables en compostage domestique, pourront être utilisés pour ces usages.
L'objectif est de «réduire les impacts environnementaux considérables liés à la production et la distribution de ces sacs», souligne le ministère.
Les sacs plastique non biodégradables mettent plusieurs centaines d'années à se dégrader. 75% des déchets abandonnés en mer sont des plastiques, pointe le ministère: ainsi, 86% des espèces de tortues marines les ingèrent car elles les confondent avec des méduses.
- 17 milliards de sacs plastique -
Quelque 5 milliards de sacs en plastique à usage unique sont distribués en caisse chaque année en France, et 12 milliards consommés pour d'autres usages en-dehors des caisses. Plus de la moitié finit dans la nature, estime-t-on.
Le développement de plastiques «biosourcés» pourrait générer 3.000 emplois (recherche, culture des végétaux, usines...), espère le ministère, qui a accueilli jeudi une conférence de presse de représentants de ce secteur.
«100% de la production sera localisée en Europe dans les prochains mois», alors qu'aujourd'hui plus de 90% des sacs à usage unique sont fabriqués en Asie, a assuré John Persenda, président du groupe français Sphère, un des leaders en Europe.
La réglementation devrait faire passer la production de bioplastiques «de 2.000 à 35.000 tonnes en un an», a-t-il prédit, tandis qu'en face la Fédération de la plasturgie agite le chiffon rouge, mettant en garde contre la perte de 3.000 emplois dans les usines de sacs plastique.
Pour les défenseurs de l'environnement, cette interdiction est «une avancée» après bien des espoirs déçus (cf la taxe sur les sacs de 2011 qui n'a jamais vu son décret d'application).
«La France qui était en retard devient en Europe plutôt précurseur, avec l'Italie et certaines régions belges,» souligne Antidia Citores, porte-parole de Surfrider, qui salue une mesure portée par la ministre et permise par une opinion mieux informée.
Pour autant, les ONG préfèrent les sacs réutilisables aux «biosourcés», qui «utilisent terres arables, eau, engrais et continuent à recourir au pétrole».
Ces sacs «compostables» nécessiteraient aussi une valorisation des déchets organiques mieux organisée qu'aujourd'hui, pointe Zero Waste France. «Sinon, on risque de les retrouver à la poubelle ou dans le mauvais bac de tri», dit Laura Châtel.
Alors autant installer le réflexe du cabas, notent les associations: pour un pain au chocolat ou une boîte d'aspirines pas besoin de sac plastique ni de sac végétal!
Dans un sondage CSA pour Direct Matin de mars 2015, 76% des Français indiquaient d'ailleurs faire leurs courses avec un sac réutilisable.
Autre chantier, poursuivre la sensibilisation des commerçants et collectivités, qui, contrairement à la grande distribution, paraissent «encore peu mobilisées», soulignent les ONG.
Une subvention de 30.000 euros doit être versée par le ministère à 100 territoires.
Des collectivités du Nord réfléchissent ainsi à des sacs consignés pour les commerces de proximité. Surfrider prévoit, en région, en banlieue parisienne, en Martinique, d'intervenir sur les marchés, qui «restent le point noir», estime l'ONG.