Interdiction des sacs plastique: Les commerçants attendent des efforts des clients
ENVIRONNEMENT•Le décret d’application de la loi interdisant la distribution de sacs plastique à usage unique devrait arriver en mars…Audrey Chauvet
Les sacs plastique n’ont pas encore dit leur dernier mot. La loi interdisant la distribution de sacs à usage inique, initialement prévue le 1er janvier, va devoir attendre quelques mois pour entrer en vigueur : le décret d’application, prévoyant notamment des sanctions, ne devrait être publié qu’en mars. Mais les commerçants se préparent déjà à devoir changer leurs habitudes. « Je vais terminer mon stock de sacs et d’ici quinze jours je vais commander des sacs en papier », témoigne Daniela, boulangère dans le 15e arrondissement.
D’ici trois à quatre mois, les sacs plastique non recyclables à usage unique, qu’ils soient payants ou gratuits, devront disparaître des échoppes françaises au profit de sacs « biosourcés », le plus souvent à base d’amidon de pomme de terre ou de maïs, ou de sacs réutilisables. Une mesure incluse dans la loi sur la transition énergétique dont le but est de limiter les impacts sur l’environnement (pollution des milieux marins, abandon dans les espaces naturels) mais aussi la dépendance à l’industrie pétrolière.
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Un sac pour une demi-baguette
Pour les commerçants, cela ne se fera pas sans coût. Angélique, gérante d’un magasin d’alimentation à emporter boulevard Pasteur (Paris 15e), redoute une augmentation de ses frais : « Si les sacs en papier sont plus chers, nous allons devoir augmenter nos prix et les clients ne seront pas contents ». Pourtant, elle trouve la mesure bonne et conseille déjà à ses clients de ne pas prendre de sac lorsqu’ils n’ont qu’un sandwich à emporter. Comme Daniela, la boulangère, qui déplore que des clients demandent un sac pour une demi-baguette déjà entourée d’un sachet en papier.
« C’est lamentable que des clients demandent un sac s’ils n’en ont pas besoin », renchérit Christiane, vendeuse en papeterie. « La loi est nécessaire car les gens s’en fichent que des sacs traînent partout. C’est comme pour les crottes de chien et les mégots, il faut des sanctions », estime-t-elle. Même son de cloche dans l’épicerie voisine : « Les clients demandent toujours des sacs et si on n’en donne pas, ils ne sont pas contents », explique Wang, la gérante, qui reconnaît tout de même que de plus en plus de gens pensent à venir avec leur propre cabas pour faire les courses. « Je ne me sers quasiment plus de sacs en plastique, témoigne une cliente d’un maraîcher bio du boulevard Pasteur. J’ai toujours mon sac sur moi et je me souviens de ma maman qui avait des filets à provisions dans son sac avant que les sacs en plastique n’existent ! ».
3.000 créations d’emplois
Pour ceux qui ne prendraient pas l’habitude de se promener avec leur sac réutilisable, l’alternative sera le sac en papier, qui présente l’inconvénient de ne pas résister à l’humidité, ou le sac fabriqué à partir de matières végétales. Pour le groupe français Sphere, pionnier des bioplastiques, la loi est une aubaine, à condition que le décret d’application arrive rapidement : « La grande distribution se renseigne déjà sur les produits que nous proposons pour remplacer les sacs destinés à emballer les fruits et légumes », se félicite John Persenda, PDG du groupe. Ces sacs fins seront concernés par la réglementation au 1er janvier 2017. Pour 2016, l’entreprise est prête à répondre aux commandes des commerçants : « Nos sacs en fécule de pomme de terre sont aussi résistants que les sacs en plastique », ajoute John Persenda, ravi que « l’image de marque épouvantable » dont pâtissait la filière plastique soit effacée par les bioplastiques. Le ministère de l’Ecologie espère 3.000 créations d’emplois en France dans cette filière pour remplacer les quelque 5 milliards de sacs de caisse à usage unique et les 12 milliards de sacs « fruits et légumes » distribués chaque année dans le pays.