BIODIVERSITEBiodiversité: Les abeilles bientôt mieux protégées par la loi

Biodiversité: Les abeilles bientôt mieux protégées par la loi

BIODIVERSITELe projet de loi sur la biodiversité adopté ce mardi par les députés a été amendé pour mieux protéger les abeilles…
Illustration ruche d'abeilles
Illustration ruche d'abeilles - P.MAGNIEN / 20 MINUTES
Audrey Chauvet

Audrey Chauvet

Un amendement peut-il sauver les abeilles? Dans le projet de loi sur la biodiversité, largement adopté mardi en première lecture par l'Assemblée nationale, un amendement pourrait faire le miel des apiculteurs. Voté la semaine dernière par les députés alors que la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal y était opposée, il prévoit l’interdiction à compter de janvier 2016 de cinq molécules toxiques pour les abeilles.

Ces néonicotinoïdes, utilisés dans l’agriculture, seraient une cause majeure de disparition des abeilles, dont les populations sont en chute libre en Europe: selon un rapport publié jeudi par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et cofinancé par la Commission européenne, près de 10% des quelque 2.000 espèces sauvages d’abeilles européennes sont menacées d'extinction et 5% supplémentaires le seront bientôt.

Forte mortalité dans les colonies

Pour Henri Clément, porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), l’interdiction totale de tous les néonicotinoïdes est urgente. «Il y a plusieurs causes de mortalité des abeilles, mais celle-ci est prépondérante, explique-t-il. Ces produits, lorsqu’ils sont utilisés sur des plantes dont les abeilles récupèrent le pollen, provoquent des mortalités fortes dans les colonies. On atteint 30% de mortalité hivernale alors qu’avant l'arrivée de ces pesticides dans les années 90, la mortalité était d'environ 5%», chiffre-t-il. Selon des données recueillies par l’Unaf, la mortalité dans les ruches a atteint 50 à 80% dans certaines régions de production de miel.

Tournesol, maïs, orge, betteraves… De nombreuses cultures sont traitées avec ces produits destinés à éradiquer les insectes néfastes. Mais les abeilles en font les frais, comme le soulignent plusieurs études scientifiques, ainsi que les sols, dans lesquels ces produits s’infiltrent, et les milieux aquatiques où ils se dispersent. Le député socialiste Gérard Bapt, qui a défendu l’amendement à l’Assemblée nationale aux côtés de Delphine Batho, a insisté sur les effets néfastes des néonicotinoïdes aussi bien pour les abeilles que pour les hommes. Pour le député, ils sont «neurotoxiques de 500 à 10.000 fois plus que le DDT, qui est interdit» et «il n'y a pas un seul repas où nous n'en consommons pas tous les jours».

Un tiers de l’alimentation mondiale en danger

Sans les abeilles, il ne nous resterait toutefois pas grand-chose à manger: selon l’étude de l'UICN, 84% de la production végétale destinée à la consommation humaine en Europe dépend de la pollinisation assurée par les abeilles et les bourdons. Si les apiculteurs s’inquiètent de la chute brutale de la production de miel en France, qui a baissé d’un tiers entre 2013 et 2014 selon le bilan annuel de l’Unaf, c’est bien plus que la tartine du matin qui pourrait disparaître: d’après les études de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), la disparition des pollinisateurs «modifierait profondément les équilibres alimentaires mondiaux» en limitant notre source d’alimentation aux céréales, moins dépendantes des insectes. «Les cultures qui dépendent des pollinisateurs assurent plus d’un tiers de la production mondiale de nourriture», chiffre l’Inra.