C’est une maison de retraite qui n’est pas de tout repos: avec un garçon de 2 ans qui vous embête et des sorties au parc où l’on croise des petits Jack Russell agressifs, difficile de se reposer. Et pourtant, Amba semble bien apprécier cette agitation. A 12 ans, son arthrose a beau lui bloquer un peu l’arrière-train et lui donner une démarche claudicante, ce labrador croisé a trouvé une famille d’accueil après près de quatre années dans un refuge de la SPA.

Sa nouvelle maîtresse, Sandrine, fait partie des premières familles d’accueil, un dispositif mis en place par la SPA au début du mois de juin. Le but: placer les animaux qui sont depuis trop longtemps en refuge ou qui ont un handicap ou une pathologie. «Quand j’ai pris Amba, on m’a dit que j’étais folle, se souvient Sandrine. Mais je trouve ça important qu’il soit heureux pendant ses dernières années.»

Pas de frais ni d’éducation à faire

Amba a emménagé il y a trois semaines avec Sandrine et ses deux enfants de 10 et 2 ans à Gagny (Seine-Saint-Denis). La jeune femme a eu le coup de foudre en le voyant sur le site web de la SPA: «C’était lui et pas un autre». Etre famille d’accueil présentait un gros avantage: la SPA prend en charge les soins et la nourriture de l’animal. «Cela faisait deux ans que je voulais un labrador ou un boxer, mais avec mes revenus modestes, j’étais arrêtée par les frais vétérinaires. Je ne peux pas faire passer le chien avant les enfants!» reconnaît Sandrine, qui est également contente de ne pas avoir à faire toute l’éducation de l’animal: «Je ne voulais pas un chiot avec qui il faut tout reprendre à la base. Amba obéit, donne la patte, se met devant la porte quand il veut sortir», explique-t-elle.

Un chien «qui ne fait pas son âge»

Depuis juin, 55 animaux ont eu la même chance qu’Amba: 7 chats et 48 chiens ont trouvé une famille pour passer leurs vieux jours ou simplement vivre leur vie d’animal handicapé ou malade. «Il n’y a pas de critère d’âge de l’animal, explique Marie Basset-Chercot, chargée de communication à la SPA. En général, ce sont des animaux qui sont depuis plus d’un an en refuge ou qui sont malades.» Sur le site dédié aux familles d’accueil, les animaux à adopter s’affichent avec leurs qualités et leurs défauts: chats atteints du FIV, le «sida» des félins, chiens qui n’ont tapé dans l’œil de personne, animaux diabétiques ou ayant besoin de quelques soins médicaux… «Si ça se passe mal et que la famille ne s’était pas rendu compte de l’importance des soins, nous essayons de trouver une solution pour l’animal», assure Marie Basset-Chercot.

Pour Sandrine, pas de problème: «A part les poils par terre, tout se passe très bien!», assure-t-elle. Et si Amba est encore en pleine forme, la jeune femme a déjà réfléchi à la disparition de son protégé: «Mes amis m’ont dit que j’allais faire du mal aux enfants, car il n’a que deux ou trois ans à vivre. Mais j’ai déjà expliqué à ma fille que c’était comme nous, on vit, on meurt, et mieux vaut qu’il passe ses dernières années avec nous. Cela permet d’aborder des sujets difficiles avec les enfants.» A regarder Amba jouer avec le petit dernier ou gambader dans l’herbe, le sujet ne devrait pas être à l’ordre du jour avant quelques belles années.