La crémation, dernier combat des écolos, bientôt encore moins polluante

La crémation, dernier combat des écolos, bientôt encore moins polluante

"Ma crémation sera mon dernier acte militant", témoigne dans ...
Le colombarium du cimetière du Père Lachaise le 12 mai 2004 à Paris
Le colombarium du cimetière du Père Lachaise le 12 mai 2004 à Paris - Joel Saget AFP
© 2014 AFP

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«Ma crémation sera mon dernier acte militant», témoigne dans un souffle lent Jean, pour qui l'incinération est «moins polluante» que l'inhumation. D'ici 2018, les crématoriums seront plus écologiques, avant peut-être une ultime étape: devenir une source de chauffage.



La crémation «nous paraissait à mon épouse et moi plus propre et plus responsable pour la planète», explique Jean Couté, ému par le souvenir de son épouse dont les cendres ont été dispersées il y a près de 20 ans dans le Golfe du Morbihan, en Bretagne.

A «88 ans et demi», cet ancien cadre bancaire, qui n'est pas croyant, n'en démord pas: «Il faut laisser la terre aux vivants» et ne pas la squatter une fois mort. «La planète est en danger», selon cet écologiste convaincu, citant pour preuves «la montée des eaux, les variations climatiques, les typhons et les ouragans».

La crémation produit «beaucoup moins de déchets issus du corps humain» par rapport à l'inhumation, explique Jean Chabert, vice-président de la Fédération française de la crémation (FFC), fondée dans les années 1940 par des libres-penseurs et forte aujourd'hui de quelque 80.000 membres.

Elle peut certes «générer des rejets polluants», mais «les inhumations émettent encore plus de gaz dangereux» et polluent «1,5 fois plus», assure-t-il à l'AFP.

Les crématoriums sont toutefois énergivores et rejettent des fumées. «Monoxyde de carbone, acides, dioxine, oxydes d'azote, de soufre» sont libérés des cheminées dans l'atmosphère, énumère François Michaud Nérard, responsable des services funéraires à la mairie de Paris.

Et si les fumées, «composées à 97% ou 98% d'eau», sont parfois noires, «ce n'est ni plus ni moins que la même chose que lorsqu'on relance une chaudière à la maison, au début de l'hiver», estime Philippe Martineau, directeur général du Choix funéraire, une entreprise de pompes funèbres, assurant qu'il n'y a «rien de dangereux pour la santé».

Qu'importe, bientôt les riverains ne verront plus rien de ces émanations en vertu d'une réglementation entrant en vigueur en 2018 et qui impose des systèmes de filtration.

- «Chauffer avec mamie» ? -

Finis «les rejets de mercure» qui proviennent des «plombages dentaires», prévoit ainsi François Michaud Nérard. «Il fallait qu'on soit exemplaire», reconnaît le professionnel, conscient que «la crémation devait être réellement écologique».

Avant l'écologie, c'est d'abord le souhait de «ne pas embarrasser la famille» (35%) avec l'entretien des tombes ou le paiement des concessions qui constitue pourtant la première motivation pour la crémation. Les «raisons écologiques» viennent seulement après (24%), selon une étude du Crédoc publiée en 2007.

Des places de plus en plus rares dans les cimetières, l'éclatement des familles ou la baisse de l'influence religieuse poussent également les Français à faire ce choix.

En 2013, plus de 30% des 540.000 obsèques se sont faites par crémation, alors qu'ils ne représentaient que 1% dans les années 1970.

Pour répondre à ces demandes croissantes, les 167 crématoriums en service ou en construction dans l'Hexagone devront ainsi se doter d'ici 2018 d'un système de filtration, moyennant un coût de près d'un million d'euros.

La mise aux normes des installations pourrait ensuite être suivie d'autres évolutions pour atteindre le paroxysme écologique: «le plus grand crématorium danois permet de chauffer deux écoles», raconte François Michaud Nérard, sourire en coin. Il rappelle que déjà celui du Père-Lachaise, à Paris, «récupère l'énergie pour chauffer les salles» du crématorium.

Alors pourquoi ne pas aller plus loin ? «Il ne s'agit en aucun cas de chauffer les bâtiments avec mamie», prévient l'expert mais, «soit on jette» cette grande quantité d'énergie et «on abîme la planète», «soit on l'utilise pour quelque chose d'utile».