Sandra Bessudo: «Tous les déchets terminent à la mer»
INTERVIEW•La lauréate de la Grande médaille Albert Ier, remise ce lundi à l’Institut océanographique, veut sensibiliser à la protection de l’environnement...Propos recueillis par Audrey Chauvet
«Ce n’est pas un travail, mais un bonheur de lutter pour ce qu’on aime»: Sandra Bessudo a dédié sa vie à la protection de l’île de Malpelo et des requins qui y nagent. Perdu à 490km de la côte colombienne, cet îlot en volcanique de seulement 1,2km² ne semblait pourtant pas susceptible de déchaîner les passions. Mais Sandra Bessudo, biologiste, y a découvert une biodiversité extrêmement riche et menacée par les pêcheurs et les contrebandiers. Après avoir créé une fondation et réussi à faire classer Malpelo au Patrimoine mondial de l’humanité, la Colombienne a reçu ce lundi la Grande médaille Albert Ier, une distinction qui récompense depuis 1948 les scientifiques travaillant sur le monde marin. Un film sur l’histoire de Malpelo est diffusé ce mardi à 18h à l’Institut océanographique, à Paris.
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Pourquoi était-ce difficile de protéger l’île de Malpelo?
Au début, j’étais toute seule dans cette lutte. J’ai créé une fondation puis je me suis lancée pour protéger les requins. Le plus dur au début était de faire connaître l’île, méconnue même des Colombiens, puis il a fallu convaincre le gouvernement de créer des programmes de protection de la faune et de la flore. Tout est venu petit à petit.
Vous êtes aujourd’hui conseillère du gouvernement colombien sur les questions d’environnement. Est-ce là qu’il faut être pour obtenir des résultats?
Je travaille avec le gouvernement mais je ne fais pas de politique. J’y suis plutôt pour faire bouger les choses plus rapidement et parler avec les gens qui prennent les décisions. C’est plus rapide pour faire passer les messages!
Vous avez reçu la Grande médaille Albert Ier section médiation, qui récompense vos efforts pour faire connaître les problématiques des océans au plus grand nombre. Que pouvons-nous faire à notre échelle pour protéger les océans?
Il faut d’abord faire attention à ce que l’on consomme et éviter de manger des espèces de poissons menacées. Ensuite, il faut bien penser que tous les déchets terminent à la mer: ce qu’on jette dans l’évier, les produits nettoyants, les déboucheurs… L’eau part dans les rivières, puis dans les mers. Il est important de ne pas y déverser n’importe quoi, pour la sécurité alimentaire des hommes et pour la biodiversité.