ENERGIELa filière nucléaire française se tourne vers l’international

La filière nucléaire française se tourne vers l’international

ENERGIELe premier salon mondial du nucléaire s’est ouvert au Bourget ce mardi, jour de l’adoption par l’Assemblée de la loi de transition énergétique…
Bertrand de Volontat

Bertrand de Volontat

L’avenir du nucléaire français s’inscrira-t-il loin de l’Hexagone? En plein débat sur le projet de loi transition énergétique qui fixe la part du nucléaire dans notre production d’électricité à 50% d’ici 2025 contre 75% actuellement, les acteurs de la filière, qui emploie 220.000 personnes en France, se réunissent pour trois jours au Bourget, pour le premier «World nuclear exhibition» (WNE). «L’objectif est de réaffirmer le leadership français», assure Isabelle Leboucher, directrice du marketing Areva.

Le salon doit engendrer «des contacts d’affaires entre les PME et les grands groupes», analyse Gérard Kottmann, président de l'Aifen, l'association chargée de l'export du nucléaire français et qui pilote cette première manifestation du nucléaire en France.

Une présence déjà forte à l’international

L’organisateur dément toutefois tout repli défensif sur l’international dans le contexte législatif actuel: «Cela fait des années qu’on exporte une industrie forte de 40 ans d’expérience», rappelle-t-il, soulignant que le nucléaire pèse 6,5 milliards d’euros d’exportations de biens et services par an. «Pour être compétitif, il faut amortir nos outils de production et le marché français ne suffit pas à la filière française», explique Stéphane Jeanneteau, directeur de Valinox Nucléaire chez Vallourec. «Toutes les PME françaises vont monter dans le wagon de l’international, notamment grâce aux exportations d’EDF et Areva», assure-t-il.

«La commission a donné son feu vert aux financements publics du projet nucléaire Hinkley Point, au Royaume-Uni (deux EPR d’Areva, construits par EDF). Nombre de nos fournisseurs vont franchir la Manche», se réjouit Valérie Levkov, directeur du développement nucléaire international chez EDF «C’est l’un des objectifs de la France que de s’arrimer aux projets nucléaires qui se lancent, à l’image de la France et de l'Afrique du Sud qui ont signé un accord intergouvernemental dans le nucléaire ce mardi», analyse-t-elle.

Le nucléaire, une voie en déclin?

Le salon qui réunit 500 acteurs est aussi l’occasion de faire la promotion des futurs réacteurs Atmea. Une source proche du dossier confie qu’Areva aurait déjà signé le premier contrat pour ce type de réacteur en Turquie. «A ce jour, la France ne dispose à court terme que de l’EPR, très coûteux et séduisant de moins en moins d’acheteurs. Atmea ne sera pas disponible à la production industrielle avant une dizaine d’années, tempère toutefois Yves Marignac, directeur de l'agence Wise-Paris et consultant dans le nucléaire.

Et le consultant d’ajouter: «La France en poursuivant son choix du nucléaire est en train de rater le train de la révolution énergétique dans l’électricité. C’est un marché en déclin où elle n’occupe même pas une grande place avec 2,5% de l’ensemble des réacteurs construits hors de ses frontières.» Un discours contredit par Valérie Levkov. «Toutes les sources sont nécessaires, il y a un tel besoin en électricité qu’il s’agisse du photovoltaïque, des éoliennes ou du nucléaire. Elles sont complémentaires.»

La filière du nucléaire n’est pas prête de quitter la France, à l’image de la construction de l’EPR à Flamanville ou de la centrale de Fessenheim en Alsace, la doyenne des installations d’EDF, qui survit pour l’heure, Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement ayant encore refusé ce mardi d’annoncer sa fermeture pour 2016.