Remorquage du Costa Concordia: Quels risques de pollution en Méditerranée?
ENVIRONNEMENT•A la veille du remorquage du Costa Concordia, le maire de Bastia s’inquiète de l’impact du passage du paquebot au large de la Corse…F.D. avec AFP
Le Costa Concordia n’en finit pas d’inquiéter les défenseurs de l’environnement. Alors que le paquebot entamera mardi son dernier voyage vers Gènes pour y être démantelé, le maire de Bastia s’est fendu samedi d’un communiqué pour demander des précisions sur les «risques réels de pollution» et «l’itinéraire exact envisagé», alors que le paquebot doit passer à 25 km des côtes corses. «En l’absence de ces informations et garanties, nous ne pouvons en aucun cas accepter en l’état que l’épave géante passe devant nos côtes.»
Le 11 juillet, déjà, le maire Gilles Siméoni avait envoyé un courrier à Ségolène Royal. Estimant que les opérations de remorquage étaient «potentiellement dangereuses en termes de risques environnementaux et de pollution» pour les côtes bastiaises et le Cap Corse, il lui avait demandé des précisions.
Passe d’armes entre Ségolène Royal et son homologue italien
Cinq jours plus tard, Ségolène Royal rencontrait son homologue italien et comptait bien lui demander les «preuves» du pompage complet des réservoirs d’hydrocarbures et des précisions sur les «moyens d’accompagnement mis en place par les autorités italiennes en cas de difficultés». Sans ces garanties, elle n’estimait «pas envisageable» que les autorités italiennes autorisent le départ du Costa Concordia de l’île toscane du Giglio.
De quoi rassurer le maire corse, mais aussi énerver le ministre italien, Gian Luca Galletti. «Je n’accepte pas que quiconque me rappelle à mes devoirs concernant le contrôle de nos mers, car c’est notre première préoccupation», avait-il affirmé dans un entretien pour un quotidien italien publié vendredi. «Je trouve anormal le ‘timing’, le ton et les modalités de la demande de Mme Royal.»
Ce lundi, la ministre de l’Ecologie a eu confirmation que des hydrocarbures n’avaient pas pu être extraits des réservoirs. Le paquebot contient ainsi des «quantités résiduelles d’hydrocarbures et de produits huileux (environ 163 tonnes) ainsi que de produits toxiques (environ 12 tonnes confinées dans des containers scellés)», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Greenpeace craint que la coque du paquebot se brise en chemin
A la fin de sa rencontre avec le ministre italien, Ségolène Royal avait aussi annoncé la présence d’un navire français de dépollution pour accompagner le convoi au large de la Corse. Car selon les associations environnementales, il y a bien des risques au passage du Costa Concordia en mer Méditerranée. En juin, l’armateur Costa avait estimé «possible» qu’il y ait des rejets en mer «de substances ou d’hydrocarbures» pendant le transfert de l’épave.
Depuis, Greenpeace craint que «la coque endommagée du paquebot ne supporte pas le voyage et ne se brise, répandant dans la mer un mélange toxique de métaux lourds, huiles, plastiques et autres produits chimiques». Mais l’hypothèse la plus vraisemblable serait que des débris et du fuel se détachent lors du voyage, permettant la fuite de quelque 263.000 mètres cubes de liquide pollué en Méditerranée. «Nous sommes très inquiets des conséquences que cela pourrait avoir sur les cétacés», explique Giorgia Monti de Greenpeace.
Le propriétaire du paquebot Costa Croisière a alors voulu rassurer les associations, assurant que les éventuelles fuites n’excéderaient pas ce que répand habituellement tout bateau en Méditerranée. Le paquebot sera aussi accompagné pour ce dernier voyage par dix navires chargés de collecter les éventuels débris, contrôler la qualité des eaux et prévenir les cétacés de l’approche du Concordia.