PUBLICITEL’UFC-Que Choisir s'en prend à la pollution publicitaire dans nos boîtes aux lettres

L’UFC-Que Choisir s'en prend à la pollution publicitaire dans nos boîtes aux lettres

PUBLICITELa grande distribution serait la principale pollueuse publicitaire selon l’association de consommateurs…
Bertrand de Volontat

Bertrand de Volontat

«Stop pub!» Ce slogan lancé par les pouvoirs publics dans le cadre du Plan national de prévention des déchets a beau dater de 2004, les avancées dix ans plus tard sont faibles, relève une enquête publiée ce mardi par l’UFC-Que Choisir. Non seulement les boîtes aux lettres sont polluées, mais le consommateur se retrouve à passer à la caisse. L'association dénonce ainsi les gaspillages et les problèmes liés au financement du recyclage du papier.

Si le petit autocollant collé sur notre boîte aux lettres se révèle efficace (une diminution de 83 % du nombre de prospectus reçus, qui chute de 72 à 12 sur un mois par boîte, selon les tests effectués par des bénévoles), seuls 9 % des Français l’avaient adopté en 2011.

Résultat: la pollution publicitaire explose. «La pression des imprimés non adressés s’est fortement accrue, leur poids moyen sur un mois est passé de 2 kg par ménage en 2004 à 2,7 kg en 2014, soit une augmentation de 35 % en 10 ans», note l’UFC. «Le dispositif stop pub n’empêche pas que, sur le seul mois d’avril 2014 et d’après notre estimation, 1,8 milliard de prospectus aient été reçus par les ménages français».

L’Etat s’est désengagé

Principale explication: «l’Etat s’est désengagé en 2009 de l’opération, laissant à la charge des collectivités le soin de financer leur propre opération», selon stoppub.fr, créé cette même année. «Certaines collectivités ont réussi à couvrir jusqu’à 30 % des boîtes aux lettres, se réjouit Nicolas Mouchnino, chargé de mission environnement à l’UFC. Cela prouve que les campagnes de sensibilisation du consommateur ne sont pas vouées à l’échec.»

Une sensibilisation d’autant plus nécessaire que cette distribution a un impact environnemental fort. Stoppub.fr estime que pour une commune de 10.000 habitants, 1.000 autocollants suffiraient à économiser 50 tonnes équivalent carbone.

Le coût du recyclage pour le consommateur

Avec seulement 49 % du papier recyclé en France, plus de la moitié des 69.200 tonnes mensuelles distribuées sont gaspillées. «L’essentiel du papier est incinéré alors qu’un papier peut être recyclé jusqu’à cinq fois», affirme Nicolas Mouchnino. Ecofolio, en charge de la collecte et du recyclage des papiers en France, remarque que le chiffre du recyclage est dans une spirale positive avec une hausse de 7 % depuis 2009. Mais quand le papier est recyclé, c’est encore le consommateur qui paie.

Le coût de retraitement des déchets papier atteint trois euros par an et par habitant, contre moins d’un euro en Allemagne ou en Suède. Un coût pour le contribuable qui s’ajoute au prix de la production de ces publicités non désirées, soit 176 euros par habitant par an. «C’est indolore pour le consommateur car les répercussions se font sur les prix de vente de milliers d’articles. Mais ce coût ne devrait pas être à leur charge» note Nicolas Mouchnino.

Le pollueur-payeur pas respecté?

D'autant que «la taxe pollueur-payeur existe déjà», s’indigne-t-il. 68% des émetteurs de papier la paient mais cela ne représente que 22% du coût total du recyclage des déchets, preuve que certains acteurs ne paient pas à la hauteur. «Le problème est qu’il n’existe pas de détails sur qui paie quoi», poursuit-il;

L’UFC réclame un audit du ministère de l’Environnement sur le financement du recyclage du papier. L’association demande aussi à l’Etat français la mise en place d’une pénalité financière pour les enseignes qui ne respecteraient pas le «stop pub». Dans sa ligne de mire: la grande distribution, les enseignes de bricolage et jardinage, et de meubles, «les plus grands pollueurs publicitaires», malgré l’essor du digital et la dématérialisation de la publicité.