Au volant de la première voiture de série à hydrogène
AUTOMOBILE – Souple et silencieux, ce véhicule Hyundai à pile à combustible ne rejette que de la vapeur d’eau et propose des performances comparables à celle des voitures à moteur thermique…A Grenoble, Manuel Pavard
Première chose notable en s’installant au volant du Hyundai ix35 Fuel Cell, premier véhicule de série fonctionnant à l’hydrogène: son silence, au démarrage comme sur la route. Animée d’un moteur électrique, la voiture ne produit aucun bruit ni vibration. Très appréciable lorsque l’on roule sur la (très bruyante) rocade de Grenoble! Un atout non négligeable qui nécessite tout de même un surcroît d’attention lors des dépassements de vélos et aux carrefours: cyclistes et piétons ne vous entendent pas arriver.
Hormis cela, la conduite est un réel plaisir. Que ce soit sur les lacets du Vercors, sur l’autoroute A480 ou dans les rues de Sassenage (Isère), la voiture offre une jolie souplesse, couplée à une bonne tenue de route et une accélération très correcte. Et pour ne rien gâcher, confort et équipements ne sont pas en reste.
Une autonomie de 594 km et aucune émission de polluants
Pour Franck Pichot, directeur marketing produits de Hyundai Motor France, «l’ix35 Fuel Cell marie tous les avantages des véhicules thermiques classiques et des véhicules électriques». Doté d’un moteur électrique de 100 kW (136 chevaux) et d’une boite automatique à six rapports, il atteint une vitesse de pointe de 160 km/h et passe de 0 à 100 km/h en 12,5 secondes. Il dispose également d’une autonomie de 594 km et se recharge en trois ou quatre minutes dans une station de distribution d’hydrogène – contre 140 km d’autonomie et six heures de charge pour une voiture électrique «classique».
Si l’ix35 Fuel Cell propose des performances similaires au modèle thermique de série, il se démarque en revanche sur le plan écologique en n’émettant aucun rejet polluant. L’hydrogène est en effet injecté dans une pile à combustible où il réagit avec l’oxygène de l’air pour produire de l’électricité, en ne rejetant que de la vapeur d’eau.
A partir de 2020 pour les particuliers
Ce modèle fait partie d’une série de 1000 unités que Hyundai s’engage à produire d’ici 2015. C’est la quatrième génération de véhicule à hydrogène développée par le constructeur coréen, pionnier et leader mondial de la technologie à pile à combustible. Pourtant, «à l’exception de l’Allemagne et la Scandinavie, le marché de l’hydrogène est vraiment balbutiant en Europe», déplore Franck Pichot. Il n’existe ainsi que 176 voitures à hydrogène sur le Vieux Continent, dont 40 Hyundai (deux en France), les seules à être immatriculées.
«C’est l’histoire de l’œuf ou la poule, souligne Franck Pichot: pas de véhicules sans stations et pas de stations sans véhicules». Outre le stockage et la production à grande échelle de l’hydrogène – très énergivore –, le «principal obstacle» consiste, selon lui, à «dessiner un cadre législatif». Aujourd’hui, les clients de Hyundai sont «des entreprises ayant un intérêt dans l’hydrogène telles Air Liquide, des gouvernements et des villes comme Copenhague». La firme espère toucher les particuliers à partir de 2020. Quant au prix, «il s’agit de trop petites unités pour parler de tarifs», répond le constructeur. Preuve que l’engin n’est pas prêt de devenir grand public…