Tricastin: 29 militants de Greenpeace condamnés à trois mois avec sursis
Quelque 29 militants de Greenpeace, qui s'étaient introduits ...© 2014 AFP
Quelque 29 militants de Greenpeace, qui s'étaient introduits en juillet 2013 sur le site du Tricastin (Drôme), ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis jeudi à Valence au lendemain de l'interpellation de 18 autres activistes de l'ONG pour une action similaire, dans la centrale nucléaire de Gravelines (Nord).
Des peines de six mois à un an de prison avec sursis avaient été requises à l'encontre des 29 prévenus - de nationalités française, russe, espagnole, roumaine, belge, suisse, allemande, etc. -, qui étaient poursuivis pour «violation de domicile» et «dégradations en réunion». Ces délits étaient passibles de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.
Dans son délibéré, le tribunal correctionnel de Valence, a en outre «relaxé» l'un d'eux, qui était aussi accusé d'avoir bousculé un gendarme lors de l'opération et contre qui le procureur Gilbert Emery avait réclamé «un an d'emprisonnement avec sursis», lors du procès, le 14 janvier, a-t-on précisé de source judiciaire. Il est cependant concerné par la condamnation de trois mois avec sursis.
Seuls neuf d'entre eux étaient présents à l'audience, le 14 janvier dernier, devant le tribunal correctionnel de Valence. Le procès avait été renvoyé le 12 septembre 2013 à la demande de Greenpeace et d'EDF, qui avait porté plainte. Le jugement, mis en délibéré, est attendu jeudi après-midi.
A l'aube du 15 juillet 2013, les militants avaient pénétré dans l'enceinte nucléaire en escaladant des clôtures et en cisaillant des grillages, cadenassant des portails pour retarder l'intervention des forces de l'ordre.
Une vingtaine d'entre eux s'étaient introduits en «zone de protection renforcée» et un plus petit groupe «en zone protégée» au niveau de la station de pompage. Certains avaient même réussi à se jucher sur des structures métalliques proches des réacteurs, à l'aide de matériel d'escalade, pour y déployer des banderoles.
Greenpeace avait dit vouloir «pointer du doigt toutes les failles de la sécurité dans la production d'énergie nucléaire».
- «Opération de communication» -
«Quand on fait le choix du tout nucléaire il est difficile de trouver un espace pour la contestation. Est-ce qu'il est possible de discuter du nucléaire ailleurs qu'en s'enchaînant à une centrale?», avait plaidé le conseil des prévenus, Me Alexandre Faro, demandant notamment au tribunal de requalifier les faits en «dégradation légère».
Cette opération coup de poing avait suscité de nombreuses réactions: «une opération de communication qui ne prouve strictement rien», avait dénoncé EDF. «Une action médiatique qui ne représente pas de danger pour la sécurité des installations», avait assuré le ministère de l'Intérieur. Une action «citoyenne» alertant les Français sur un «risque terroriste», saluait au contraire le sénateur EELV Jean-Vincent Placé.
Mercredi vers 06H00, huit mois après l'intrusion au Tricastin, 18 autres militants de Greenpeace ont été interpellés après avoir franchi le premier grillage de la centrale nucléaire de Gravelines, dans le cadre d'une journée d'action en Europe pour dénoncer les risques liés au vieillissement des réacteurs nucléaires.
Les activistes - quatorze hommes et quatre femmes de nationalités française, allemande, danoise, canadienne et britannique - avaient l'intention de s'introduire dans la centrale pour déployer des banderoles sur le réacteur, selon le ministère de l'Intérieur.
Ils ont été placés en garde à vue, à priori pour 48 heures, à la fois pour violation de domicile ou local industriel ou commercial, et pour pénétration dans un bâtiment intéressant la sécurité nationale, a indiqué le parquet de Dunkerque.
Ailleurs, une dizaine de militants ont bloqué symboliquement l'entrée principale de la centrale nucléaire du Bugey (Ain) pour réclamer l'arrêt de ses réacteurs d'ici à 2018, une action qui n'a pas entraîné de perturbation dans le fonctionnement du site.
En Suisse, une centaine de militants de l'organisation ont pénétré dans la centrale nucléaire de Beznau, pour exiger la mise à l'arrêt immédiate de ce site jugé trop vétuste.
Au total, six pays européens (France, Suède, Belgique, Espagne, Pays-Bas et Suisse) ont fait l'objet d'actions simultanées de quelque 240 militants de Greenpeace.