Argentine: l'ours polaire Arturo, déprimé et las de la canicule

Argentine: l'ours polaire Arturo, déprimé et las de la canicule

Arturo, le vieil ours polaire du zoo de Mendoza, en Argentine, est déprimé depuis la mort de sa compagne et épuisé par la canicule estivale dans cette région semi-aride au pied des Andes, où il attend un éventuel visa pour le Canada.
© 2014 AFP

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Arturo, le vieil ours polaire du zoo de Mendoza, en Argentine, est déprimé depuis la mort de sa compagne et épuisé par la canicule estivale dans cette région semi-aride au pied des Andes, où il attend un éventuel visa pour le Canada.

Vendredi, des vétérinaires canadien, chilien et argentin doivent se rendre au chevet du plantigrade de 29 ans pour déterminer s'il est apte à faire le long voyage en avion vers le Canada, car un zoo de Winnipeg propose de l'adopter.

A Mendoza et dans le reste de l'Argentine, personne n'est indifférent au sort de l'ours de 400 kg à l'épais pelage jaunâtre, qui émeut et alimente les conversations.

Les Argentins ont encore à l'esprit la disparition tragique d'un autre ours polaire, Winner, 16 ans, prématurément arraché à l'affection des visiteurs du zoo de Buenos Aires pendant la canicule de Noël 2012 alors qu'il faisait 40 degrés.

Mais Arturo, habitué depuis 20 ans aux étés chauds (35 à 40 degrés) et aux douces températures hivernales de Mendoza, supportera-t-il les -20 degrés de l'hiver canadien?

Né aux Etats-Unis en 1985, Arturo est arrivé en 1993 à Mendoza, ville de 120.000 habitants entourée de vignobles qui ont fait sa réputation.

«Malgré son âge, il est en bonne santé», affirme le directeur du zoo, Gustavo Pronotto, indiquant que l'espérance de vie de l'ours polaire est légèrement supérieure à 20 ans. En captivité, il vit souvent jusqu'à 30 ans.

L'Assiniboine Park Zoo de Winnipeg a proposé de prendre en charge ses frais de voyage.

L'organisation écologiste Greenpeace, qui a réuni 160.000 signatures en ce sens, a mené campagne pour le transfert «d'urgence» d'Arturo au Canada, «un environnement plus proche de son habitat naturel».

Le Canada abrite 60% des 20.000 à 25.000 ours blancs de la planète, qui se concentrent dans l'Arctique (Russie, Etats-Unis, Norvège, Groënland).

Classé «vulnérable» par l'Union internationale pour la conservation de la nature, l'ours polaire (ursus maritimus) est le plus grand prédateur terrestre.

Un seul être vous manque...

Outre Greenpeace, des citoyens ont pris fait et cause pour que l'animal puisse partir au Canada et se sont mobilisés, accusant le zoo de négligence.

Les autorités de la province de Mendoza, propriétaire du parc animalier, ont donné leur feu vert à une expatriation mais suspendu l'opération au verdict médical des experts mandatés vendredi.

Le patron du zoo comprend la préoccupation des Argentins mais précise que l'ours «n'est pas un paquet qu'on peut déplacer comme une marchandise».

«Tout dépend de la santé de l'animal et sa résistance au voyage de 15.000 km (...) Il ne faudrait pas commettre une grave erreur, qu'il meure pendant le voyage ou à son arrivée. Il faut bien évaluer le risque, il est vieux et il faudrait de nombreuses heures d'anesthésie», avertit Gustavo Pronotto, également vétérinaire.

En liberté, ce chasseur redoutable se nourrit exclusivement de phoques et quand la nourriture se fait rare, il s'attaque aussi aux boeufs musqués, aux rennes et petits rongeurs. Au zoo de Mendoza, on lui sert 15 kg de viande par jour et fruits et légumes à volonté.

S'il y a du miel, le festin est total et il accourt à grandes enjambées ou extirpe péniblement du bassin sa lourde carcasse. Mais si les gardiens sont en retard à l'heure du repas, il rugit pour les rappeler à l'ordre.

En tant que mascotte du zoo, il dispose d'une tanière climatisée de 35 m2, d'une plage de 500 m2 et d'une piscine privative de 300.000 litres dans laquelle les gardiens jettent des blocs de glace pour en faire baisser la température.

Les experts estiment qu'Arturo a été profondément touché par le décès en mai 2012 de Pelusa, à l'âge de 30 ans, sa compagne durant deux décennies, avec qui il entretenait une relation tumultueuse. Lors d'une scène de ménage, il l'avait même blessée à une patte.

Avec Pelusa, Arturo ne s'ennuyait pas. En 2003, elle avait fait sensation en se teignant le pelage en violet (en fait un antiseptique pour soigner une infection, ndlr).

Depuis sa mort, poursuit le directeur, «Arturo n'est jamais sorti de son état dépressif. Elle a eu plusieurs oursons, mais aucun n'a survécu. C'est très difficile la reproduction en captivité».

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