Les feux de forêt historiquement limités cet été en France
Il n'y a jamais eu aussi peu de feux de forêt en France que cet été, selon les données de la direction générale de la sécurité civile pour qui les pluies du printemps et les stratégies de prévention expliquent ce "record" à la baisse.© 2013 AFP
Il n'y a jamais eu aussi peu de feux de forêt en France que cet été, selon les données de la direction générale de la sécurité civile pour qui les pluies du printemps et les stratégies de prévention expliquent ce «record» à la baisse.
Quelque 1.050 hectares de forêt ont brûlé en zone Méditerranée entre le 1er janvier 2013 et le 4 septembre, a annoncé à l'AFP Philippe Michaut, expert en feux de forêt à la direction générale de la sécurité civile. Un bilan très limité au regard des 12.500 hectares partis en fumée en moyenne depuis dix ans sur la même période.
Dans le sud-ouest de la France, quelque 880 hectares ont brûlé sur la même période, contre 3.000 en moyenne les autres années.
«Les surfaces touchées en France se situent donc aux alentours des 2.000 hectares» avant le 4 septembre, dont l'essentiel cet été, précise M. Michaut. «Ça n'a jamais aussi peu brûlé en France que cet été, depuis 40 ans qu'on a des statistiques», tranche l'expert.
Si l'on prend en compte toute l'année civile, depuis 1976, quelque 30.000 hectares de forêt sont partis en fumée en moyenne chaque année en France. Les pires bilans ont été enregistrés en 1976 (88.300 hectares brûlés) et 2003, année de la canicule (73.300). Mais, depuis 2003, la tendance est à la baisse, avec une très bonne année enregistrée en 2008 (seulement 6.000 hectares brûlés).
De la pluie en juin, peu de vent en juillet
Les conditions météo très favorables avec «une bonne pluviométrie en juin et pas beaucoup de vent en juillet» expliquent principalement ce bon bilan, selon le colonel Robert Bardo, directeur général de l'Entente pour la forêt méditerranéenne, un établissement public qui réunit 14 départements habituellement touchés par les incendies.
A plus long terme, il faut y voir l'effet du «virage» pris à la fin des années 1980 en matière de stratégie anti-incendie. «Avant, les moyens n'étaient déployés qu'une fois que l'incendie avait éclaté. Depuis, il a été décidé de mobiliser des pompiers sur le terrain dès qu'il y avait un risque important d'incendie», en fonction notamment des indicateurs météo, résume M. Michaut.
«Le développement du téléphone portable» a aussi donné un sérieux coup de main aux pompiers: «maintenant tout départ de feu est signalé très rapidement», dit-il.
Les moyens déployés pour éteindre les incendies ont néanmoins joué un rôle mineur cet été, selon les experts. En juillet-août, il n'y a eu qu'une cinquantaine d'interventions de bombardiers d'eau en Méditerranée, contre plusieurs centaines en temps normal. Dans cette région, «il n'y a eu que 400 feux» au cours de ces deux mois, selon M. Michaut. A comparer avec les 400 départs de feux qui ont parfois éclaté en une seule journée cet été au Portugal, un pays durement touché par les incendies de forêt cette année.
Des feux catastrophes au Portugal et en Californie
Pour autant, les pompiers français restent sur le pied de guerre. D'abord l'été n'est pas fini. «Nous ne sommes pas sortis de la campagne d'été, la sécheresse n'est pas finie et en plus, en septembre, il y a toujours un petit affaissement des effectifs de pompiers volontaires» mobilisables, insiste le colonel Bardo, même si un passage pluvieux est annoncé dans le sud du pays.
Par ailleurs, les pompiers s'attendent à long terme à devoir affronter des incendies plus nombreux et plus graves, ce qu'ils appellent des «feux catastrophes», en raison des changements climatiques et des modifications qu'ils induisent déjà sur la végétation.
Hors de France, des pays ont d'ailleurs connu cet été des feux géants d'une rare puissance. Au Portugal, une vague de feux de forêt a ravagé jusqu'à fin août plus de 94.000 hectares. Aux États-Unis, la Californie a connu l'un des plus grands incendies de son histoire, surnommé «Rim Fire», brûlant plus de 95.000 hectares de forêt dont une partie du parc de Yosemite et pas encore totalement maîtrisé.