Solar Impulse: un défi humain plus que technologique ?

Solar Impulse: un défi humain plus que technologique ?

Du désert de l'Arizona aux plaines de l'Illinois, André Borschberg ...
© 2013 AFP

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Du désert de l'Arizona aux plaines de l'Illinois, André Borschberg a pu longuement contempler les paysages américains, si longuement que ses heures de vol en solo à bord de Solar Impulse se sont révélées être davantage un défi humain que technologique.

Cet avion expérimental propulsé par l'énergie solaire approche du terme de sa traversée des Etats-Unis, commencée le 3 mai près de San Francisco. Il doit atterrir samedi dans la nuit à l'aéroport de la capitale Washington, sa dernière étape avant l'arrivée ultime prévue à New York début juillet.

«L'énergie (solaire) n'est plus un souci», explique en plein vol lors d'une matinée claire et ensoleillée André Borschberg, l'un des deux pilotes suisses lancés dans l'aventure, alors qu'il est aux manettes de l'engin. «C'est le pilote qui est le maillon faible», admet-il.

Si la réussite de ce défi, dont l'objectif est de promouvoir la technologie de l'avion fonctionnant grâce à 12.000 cellules photovoltaïques, dépend des multiples obstacles à déjouer (la météo, les turbulences, les batteries, etc.), c'est surtout l'éveil et la concentration du pilote qui sont en jeu.

«On est limité par notre propre endurance», poursuit pour l'AFP ce passionné d'aviation et homme d'affaires suisse de 60 ans. «On est très enthousiasmé par ce qu'on fait et tellement content d'être dans l'avion que ça nous porte, du matin au soir. Mais nous sommes humains, et il y a les moments où nous avons beaucoup d'énergie, et puis ceux où c'est plus difficile».

En 2010, Borschberg a néanmoins battu un record, en pilotant l'avion solaire sans escale pendant plus de 26 heures, montrant certes la capacité de l'appareil à accumuler assez d'électricité durant le jour pour continuer à voler de nuit, mais aussi sa propre capacité à lui à tenir le coup dans un cockpit très spartiate.

Uriner dans une bouteille

Pour aller aux toilettes par exemple, la question ne se pose pas: il n'y en a pas. Seule solution, se soulager à l'aide d'une bouteille.

Tant de personnes s'interrogent sur ce détail vital qu'André Borschberg et son co-équipier Bertrand Piccard ont publié une vidéo sur YouTube sur la question, intitulée «Solar Impulse behind the scenes: the bathroom» (Dans les coulisses de Solar Impulse: les toilettes).

L'intérieur de ce prototype en fibre de carbone, de 1.600 kilos avec une envergure de 63,4 mètres équivalente à celle d'un Boeing 747, et dont la vitesse de croisière oscille autour de 70 km/heure, «n'est pas très confortable, confie Borschberg, donc c'est quelque chose sur lequel nous travaillons pour le deuxième modèle», le HB-SIB, qui doit être testé l'année prochaine.

Pour cette épopée, les pilotes se limitent à des vols n'excédant pas 24 heures. Solar Impulse, un projet d'une dizaine d'années, s'est posé successivement à Phoenix (Arizona, sud-ouest), Dallas/Fort Worth (Texas, sud), St Louis (Missouri, centre), Cincinnati (Ohio, nord), avant de rejoindre la côte est.

Le but est de monter en altitude durant le jour, pour charger la batterie au lithium de 400 kilos nécessaire à l'alimentation des quatre moteurs électriques à hélice, pour ensuite redescendre à la tombée de la nuit.

Alors qu'il répond à l'AFP, Borschberg pilote à une main (à vrai dire, deux doigts, précise-t-il). Mais lors des turbulences, le maintien de l'engin effilé devient «un lourd travail», qui «requiert une entière concentration, l'utilisation de toutes les commandes, et de la force», dit-il.

Après un tel effort, il goûte le réconfort de l'accueil sur Terre, cette planète qu'André Borschberg, à la fibre écologique, dit vouloir «protéger pour les prochaines générations».

Les curieux s'empressent alors autour de l'appareil, qui reste entre une semaine et dix jours à chaque arrêt pour pouvoir être admiré, et s'entretiennent avec les pilotes. Borschberg, d'abord impressionné par le désert de l'Arizona, s'est aussi dit surpris par l'enthousiasme des Américains face aux idées neuves.

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