Des pics de pollution aux particules sur plusieurs régions françaises
POLLUTION•L'hiver est marqué par des niveaux élevés de particules fines dans plusieurs villes françaises...20 Minutes avec AFP
A la faveur du froid, plusieurs régions françaises connaissent ces jours-ci de nouveaux pics de pollution aux particules fines, polluants émis par nos pots d'échappement, nos cheminées ou encore le sablage des routes et dont la France, dans le collimateur de Bruxelles, ne parvient pas à se débarrasser. Dans les Bouches-du-Rhône, les taux de particules en suspension dépassent le seuil d'information de la population depuis le 19 février, a indiqué jeudi Air Paca, l'association régionale de surveillance de l'air. En cause: le froid, qui maintient au sol les masses d'air polluées, et le vent faible, qui empêche leur évacuation.
Toutes les régions touchées
L'ensemble de la région Rhône-Alpes est également touché depuis samedi par un épisode de pollution et le niveau d'alerte a été franchi mardi, soulignait mercredi l'observatoire Air Rhône-Alpes. Les régions voisines, Auvergne, Provence-Alpes-Côte-d'Azur et le canton de Genève, enregistraient également de très forts niveaux de pollution. Le dépassement du seuil d'information, à partir d'une concentration de 50 microgrammes par mètre cube d'air, s'accompagne de recommandations notamment pour les personnes les plus vulnérables, et celui du seuil d'alerte, au-delà de 80 microgrammes, doit prévoir des mesures de restrictions, comme la limitation de la vitesse maximale.
Ce seuil d'information a encore été atteint mercredi en Haute-Garonne et dans le Tarn, selon l'ORAMIP, l'organisme régional, mais un vent d'autan (le vent typique de la région) devait permettre une amélioration de la situation. Une procédure d'information était aussi en cours en Aquitaine, à Bordeaux, Dax (Landes), Agen (Lot-et-Garonne), de même que l'agglomération de Bayonne, Anglet, Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). En Alsace, où les dépassements des seuils pour les particules fines sont un fléau quasi quotidien des journées d'hiver, l'alerte lancée le 23 février dans le Haut-Rhin et le 25 février pour le Bas-Rhin a été levée jeudi, a indiqué l’ASPA, l’Association de surveillance de la qualité de l’air en Alsace. En Ile-de-France, le seuil d'information, atteint mercredi à la faveur de vents du nord chargés en particules, ne devait pas l'être jeudi.
Trafic et chauffage à l'origine de la pollution
Ces pics de pollution sont devenus courants en France depuis quelques années dès que surviennent des conditions météorologiques permettant l'accumulation de ces particules émises par le transport routier, principale cause d'émissions dans les villes, mais aussi par le chauffage au bois des cheminées, l'industrie ou l'agriculture. Le salage et le sablage des routes en hiver contribuent aussi à ces pics, en apportant d'autres particules qui seront elles aussi envoyées dans l'air, explique Joëlle Colosio, en charge de la qualité de l'air à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Les particules fines (appelées PM10 ou PM 2,5 selon leur diamètre) ont un impact majeur sur la santé en s'immiscant profondément dans l'organisme. Outre de nombreuses maladies chroniques, comme l'asthme, la mauvaise qualité de l'air serait responsable de 42.000 décès prématurés en France chaque année, selon des chiffres rappelés début février par la ministre de l'Ecologie Delphine Batho en présentant des «mesures d'urgence» contre la pollution de l'air.
Les dépassements récurrents dans une quinzaine d'agglomérations des normes européennes devraient valoir à la France, visée par un recours devant la Cour de Justice de l’Union Européenne, de lourdes sanctions financières. Pour rassurer Bruxelles, le gouvernement envisage notamment de réduire la vitesse sur «certains axes à forte fréquentation» comme le périphérique parisien et de bannir 6 millions de véhicules anciens lors des pics de pollution . Des mesures d'urgence, prises en anticipant les pics de pollution, «peuvent avoir des effets à court terme» mais doivent, pour être réellement efficaces, être «mises en place sur plusieurs jours», estime Joëlle Colosio. Un levier sans doute plus efficace à long terme serait de réduire la part du diesel, gros émetteur de particules, dans le parc automobile français (60% aujourd'hui). Le comité sur la fiscalité écologique doit se prononcer d'ici juin sur un éventuel alignement de la fiscalité du diesel sur celle de l'essence, une mesure jugée «incontournable» par Delphine Batho.