Le gouvernement veut faire la chasse aux perturbateurs endocriniens
Le gouvernement a affiché lundi son intention de faire la chasse aux perturbateurs endocriniens, des substances suspectées de nuire à la santé et d'être liées à l'explosion de certains cancers.© 2012 AFP
Le gouvernement a affiché lundi son intention de faire la chasse aux perturbateurs endocriniens, des substances suspectées de nuire à la santé et d'être liées à l'explosion de certains cancers.
La ministre de l'Ecologie Delphine Batho s'est déclarée décidée à "diminuer l'exposition aux perturbateurs endocriniens", comptant en particulier proposer au niveau européen l'interdiction des jouets et articles pour bébé contenant ces substances, après le vote récent au parlement français pour limiter l'usage du bisphénol A.
"Notre objectif est de diminuer autant que possible l'exposition de la population aux perturbateurs endocriniens pour nous préserver de leurs impacts sanitaires et environnementaux", a souligné la ministre à l'ouverture d'un colloque organisé par l'agence sanitaire Anses sur les effets de ces produits sur la santé et l'environnement.
Mme Batho a ajouté que la France pourrait "proposer au niveau communautaire l'interdiction de mise sur le marché des jouets et articles de puériculture contenant des perturbateurs endocriniens préoccupants", sans préciser les substances visées.
Substances naturelles ou de synthèse, les perturbateurs endocriniens (PE) incluent des pesticides, des phtalates, le bisphénol A (revêtement plastique des canettes, boîtes de conserve...).
En interférant avec le fonctionnement des glandes endocrines qui sécrètent les hormones, les PE sont soupçonnés d'altérer la croissance, le développement, le comportement, et d'être à l'origine de certains cancers.
Les députés ont voté, fin novembre, en deuxième lecture l'interdiction du bisphénol A dans les contenants alimentaires au 1er janvier 2015, avec une entrée en vigueur anticipée dès 2013 pour ceux destinés aux enfants de moins de 3 ans.
La France se veut "pionnière" en matière de "prévention des risques sanitaires environnementaux et en particulier sur la question des perturbateurs endocriniens qui doit être un chantier prioritaire", a insisté lundi la ministre.
Controverses
"C'est un enjeu sanitaire et environnemental de premier ordre, car au fur et à mesure que les connaissances se développent et que de nouvelles évaluations sont disponibles, nous découvrons que des substances, parfois très répandues, sont susceptibles d'avoir des effets importants sur la santé", a plaidé Mme Batho.
La ministre a confirmé la mise en place d'un groupe de travail, réunissant gouvernement, députés, ONG, professionnels et experts, pour élaborer d'ici juin 2013 une "stratégie nationale" pour réduire les risques liés à l'exposition aux PE.
La ministre a aussi annoncé qu'elle prévoyait de "prendre un décret" en matière de décontamination pour les PCB (polychlorobiphényles) qui "imprègnent l'environnement à long terme" et de "mener des actions" pour réduire l'exposition aux phtalates, substances présentes dans les plastiques, soupçonnées d'altérer la fertilité et de favoriser la puberté précoce des filles.
Elle veut en outre, de manière générale, "mieux connaître et maîtriser" les rejets de ces substances par les industries.
Pour le directeur général de l'Anses, Marc Mortureux, les perturbateurs endocriniens restent un "sujet difficile" avec "beaucoup de controverses au sein de la communauté scientifique".
"On a d'un coté des constatations", comme la hausse du nombre des cancers hormono-dépendants de la prostate et du sein, et "de l'autre coté des suspicions d'effets" par les PE.
Mais s'agissant d'effets durables et à long terme sur la santé "il ne faut pas attendre d'avoir des preuves absolues pour agir", juge-t-il.