PLANETEGaz de schiste: Le débat n'est pas enterré

Gaz de schiste: Le débat n'est pas enterré

PLANETESi le gouvernement est opposé aux forages, il réfléchit à d'autres modes d'extraction...
mathieu Bruckmüller

mathieu Bruckmüller

On le croyait abandonné pour de bon, mais le débat sur les gaz de schiste pourrait bien refaire surface. Si, dès 2011, Nicolas Sarkozy avait interdit la fracturation hydraulique, une ligne soutenue par François Hollande, qui a annoncé le rejet en septembre de sept demandes de permis d'exploration lors de la conférence environnementale, le chef de l'Etat n'a pas fermé la porte à l'exploitation de cette source d'énergie enfouie entre 1,5 km et 3 km de profondeur.

Car la technique actuelle, l'injection dans le puits à très haute pression d'un mélange d'eau, de sable et d'additifs via un tubage adapté, est très décriée. Mais lors de sa première conférence de presse, François Hollande a laissé le champ libre aux recherches basées sur des techniques moins polluantes, quitte à aller au clash avec ses alliés écologistes. En effet, l'accord signé avec le PS exclut toute production d'hydrocarbures non conventionnels (gaz et huiles de schiste).

Les ressources les plus importantes d'Europe

A la lumière de l'exemple américain, les perspectives sont là. En effet, les chiffres ont de quoi donner le tournis. Depuis 2005, plus de 40.000 puits ont été forés. Les Etats-Unis pourraient même devenir le premier producteur de gaz en 2015 et de pétrole en 2017, grâce à l'exploitation des gaz et huiles de schiste, selon l'Agence internationale de l'énergie. La France disposerait, elle aussi, de ressources significatives bien que le potentiel n'ait pas été encore vraiment quantifié.

Selon l'US Energy Information Administration, l'Hexagone aurait les ressources les plus importantes d'Europe avec 5.100 milliards de m3 de gaz de schiste en réserve, soit plus de cinquante ans de consommation. Le think tank Iref estime que son exploitation créerait entre 42.000 et 62.000 emplois, contre 600.000 aux Etats-Unis. Le cabinet SIA Conseil avance même le chiffre de 100.000 emplois d'ici à 2020.

«Le gaz de schiste sera exploité»

Mais surtout, avancent les partisans des gaz de schiste, il permettrait de renforcer l'un des avantages de la France par rapport à ses voisins européens: le faible coût de l'énergie, un atout de poids pour la compétitivité des entreprises. Le rapport Gallois proposait ainsi de mener des recherches sur les techniques d'exploitation des gaz de schiste. Une mesure rejetée par le gouvernement dans son pacte de compétitivité, mais que le président de la République a finalement reprise à son compte.

Preuve que la question agite toujours les esprits, le Sénat vient de commander un rapport à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques sur les techniques alternatives à la fracturation hydraulique, à l'image des ondes sonores ou encore du propane. Son vice-président, le député Christian Bataille (PS), en est certain: «Le gaz de schiste sera exploité», a-t-il affirmé à l'hebdomadaire Valeurs actuelles. Ce ne serait plus qu'une question de temps.

Sondage

74% des Français connaissant le gaz de schiste estiment qu'il ne faut pas autoriser son exploitation, selon un sondage Ifop pour Le Monde publié en septembre 2012.