Pour réduire les déchêts, le Sievd ne manque pas de ressources
PREVENTION•Pour inciter ses habitants à réduire leurs déchets, le syndicat de traitement de la région de Rungis axe sa prévention sur des actions innovantes...R.G.
On l’entend souvent, le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Une fois que cela a été dit, les collectivités peuvent articuler leurs discours sous l’angle de la responsabilité citoyenne, ou à l’inverse, opter pour des actions valorisantes. C’est ce dernier choix qu’a fait le Sievd, dans le Val-de-Marne. Pour atteindre les objectifs de réduction des déchets fixés par le Grenelle de l’environnement, le Syndicat mixte d’exploitation et de valorisation des déchets de la région de Rungis (Sievd) a mis au point un programme de prévention assez inédit. L’objectif visé est pour sa part plus classique: -7% de déchets d’ici 2014.
La première étape du programme a consisté à étaler le contenu de la poubelle des 211 000 usagers du syndicat. Les conclusions de l’opération se sont avérées… inattendues: chaque habitant mettrait aux ordures 19 kg de couches jetables tous les ans. Un sujet délicat que les élus du Sievd ont préféré contourner en s’adressant d’abord aux professionnels. En convertissant seulement 15% des crèches du territoire aux couches lavables, le syndicat pourrait réduire sa production totale de déchets de 59 tonnes. Karima Ferri, responsable du programme de prévention, ne laisse guère de doute quant à l’identité de sa cible à plus long terme: «Une fois que les parents auront vu ce qu’il en est dans les crèches, on essayera de les informer plus directement.»
La valorisation préférée à la culpabilisation
Toujours en partant des résidus trouvés dans les poubelles, le Sievd fait la promotion du compostage notamment en distribuant des lombricomposteurs. Les habitants venus soulager leurs coffres dans les déchèteries partenaires ne repartiront pas les mains vides puisqu’un plein sac de compost leur sera offert à l’occasion de la semaine européenne de réduction des déchets (du 17 au 25 novembre). Sur un mode plus ludique, l’organisme distribuera aussi des carnets de course bardés d’astuces écologiques ou lancera en ligne un concours de recettes de cuisine. Seule restriction, incorporer à sa création au moins un reste de repas.
Le syndicat n’hésite pas non plus à interpeller sa cible, quitte à lui forcer un peu la main. En 2010, les lecteurs des collectivités adhérentes ont trouvé dans leur journal municipal un sticker «stop pub», afin de réduire les déchets papiers. Ailleurs, ils auraient dû entreprendre la démarche, souvent décourageante, de se rendre en mairie pour récupérer ledit autocollant. Pour Ingrid Egéa, la démarche du syndicat tient en une phrase, «on vous donne le choix ou non de recevoir la publicité». L’étude menée l’année suivante met en relief des taux d’apposition en nette augmentation: environ 10,4% des boites aux lettres refusent explicitement la publicité contre 2,5% auparavant.
Alors, efficace? Difficile à dire. Si le poids des poubelles connaît effectivement une tendance à la baisse, de l’aveu de Karima Ferri il est impossible de dire si le mérite revient seul aux actions du syndicat ou à d’autres facteurs. Le fait est que les résultats sont là.