Thon rouge: Nouvelle bataille pour maintenir les quotas de pêche
PECHE•Les négociations annuelles sur les quotas de pêche au thon rouge s'ouvrent ce lundi au Maroc...avec Sipa
Pour la première fois depuis de nombreuses années, les discussions sur les quotas de pêche au thon rouge en Méditerranée et dans l'Atlantique vont s'ouvrir ce lundi sur des nouvelles positives: les stocks de cette espèce menacée seraient en augmentation. Prudents, les scientifiques recommandent néanmoins le maintien des quotas au niveau actuel.
Réunies du 12 au 19 novembre à Agadir, au Maroc, les 48 parties prenantes de l'ICCAT, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique, vont fixer les quotas de pêche au thon rouge pour les deux prochaines années. D'après le dernier rapport du comité scientifique de l'ICCAT, rendu public en octobre, les stocks de thon rouge sont en augmentation dans la Méditerranée et l'Atlantique-Est. Cependant de grosses incertitudes pèsent sur cette évaluation et les scientifiques appellent à la prudence. Ils recommandent de maintenir des taux de captures bas, pour ne pas mettre en péril cette reprise.
L'Union européenne suit les scientifiques
«Nous nous réjouissons des signes positifs de récupération des stocks, qui montrent que le plan de gestion du thon rouge est efficace», commente Elise Pêtre, chargée du projet pêche durable au WWF-France. «Cependant les données ne sont pas complètes et on ne sait pas si cette reconstitution est importante. Nous préconisons donc de maintenir les quotas à 12.900 tonnes par an».
L'une des incertitudes qui pèsent sur l'évaluation des stocks est le volume de la pêche illégale. D'après une étude du WWF, plus de 18.000 tonnes de thon rouge ont été vendues illégalement entre 2000 et 2010. Une autre ONG, le Pew Environnment Group, s'appuie sur une étude menée à l'Université de Barcelone qui évalue à 112.000 tonnes la différence entre les prises de thon rouge et les quantités présentes sur le marché entre 2005 et 2011.
Instaurer un contrôle électronique
«Les gouvernements doivent vraiment faire des efforts au sujet de la pêche illicite», explique Susan Lieberman, qui mènera la délégation du Pew à Agadir. «Il faut renforcer les contrôles et mettre en place un nouveau système électronique de relevé des captures, qui trace le poisson, de sa sortie de l'eau à son séjour en ferme d'engraissement, jusqu'au marché japonais», précise Susan Lieberman. «Ce système doit être effectif pour la prochaine saison de pêche en 2013, nous veillerons à ce que les Etats ne le repoussent pas encore».
Les captures de thon rouge ont augmenté rapidement au milieu des années 1990, atteignant au moins 50.000 tonnes par an, presque deux fois plus que les quotas. La perspective de voir cette espèce menacée inscrite dans le registre de la CITES, la commission qui régule le commerce des espèces en danger d'extinction, a poussé les membres de l'ICCAT à réagir. En 2010 les quotas ont été abaissés à 12.900 tonnes. «Il reste un gros travail à mener pour réduire la surcapacité de la flotte, les bateaux peuvent pêcher beaucoup plus ce qui est autorisé», souligne Elise Pêtre.
L'Union européenne se range derrière l'avis du comité scientifique de l'ICCAT. Les pays européens se sont mis d'accord pour que le total des prises autorisées ne dépasse pas les 13.500 tonnes. Cette position peut cependant évoluer au cours des négociations à Agadir. L'Espagne, par la voix de son ministre de la Pêche, a plaidé en faveur d'une hausse des quotas. Le thon rouge de l'Atlantique n'est pas la seule espèce gérée par l'ICCAT. Trente espèces au total sont concernées, dont l'espadon, l'albacore, le makaire ou la bonite. Les discussions porteront aussi sur la protection des requins, en particulier le requin-taupe commun, afin de lutter contre la pêche illégale aux ailerons et les prises accidentelles.