Charlie Sheen à la dérive, mais trop précieux pour être viré
PEOPLE•CBS tolère toutes les frasques de l'acteur. Jusqu'où?Philippe Berry
De notre correspondant à Los Angeles
Quand Lindsay Lohan déclare publiquement qu'elle se «fait du souci» pour vous, vous savez que vous avez touché le fond. Mais à la différence de la starlette, désormais radioactive aux yeux de la plupart des producteurs hollywoodien, le bad boy semble intouchable. Et pour cause: Two and a half men (Mon Oncle Charlie), qu'il porte sur ses épaules depuis 2003, est la sitcom la plus rentable du moment pour CBS et Warner Bros.
Son dernier excès, après l'épisode du Plaza Hotel: une soirée avec plusieurs pornstars, fin janvier, lors de laquelle il se serait fait livrer «des briques de cocaïne», selon l'une des participantes. Selon TMZ, l'acteur voulait lancer une sorte de Playboy Mansion version X. Sheen termine à l'hôpital. Son père, Martin, et un conseiller proche, seraient intervenus. Direction rehab, une de plus, pour trois mois.
Du coup, la série, dont il ne reste que deux épisodes déjà en boîte, va devoir marquer une pause, au moins pour huit épisodes. Mais pas question de l'arrêter ni de virer Sheen, comme CBS a pu le faire pour deux acteurs des Experts. Dans sa première réaction officielle, l'ex-mari de Denise Richard a «remercié la chaîne pour son soutien».
«J'aime le sexe et j'ai les moyens de payer»
Sheen tombe dans la marmite hollywoodienne tout petit, à huit ans. A 15, il utilise la carte bleue de son père pour se payer une prostituée à Las Vegas pour perdre sa virginité –une anecdote qu'il raconte en 2001 lors d'une interview à Playboy. Suivent de nombreuses relations tumultueuses avec des actrices porno, une overdose, trois mariages, autant de divorces et d'accusations de violence domestique. Lors du procès de la «madame d'Hollywood» en 1995, il reconnaît avoir dépensé 53.000 dollars avec 27 escort girls. Il déclare: «J'aime le sexe et j'ai les moyens de payer.»
Mais comme l'assureur AIG ou les grandes banques US, Sheen est «too big too fail». Trop précieux pour être viré. Selon le spécialiste showbiz de CNN, l'acteur est «imperméable aux scandales». Sa chance, c'est de joueur à l'écran une version édulcorée de lui-même. Ses frasques collent au personnage. Plus rien ne surprend vraiment.
Une série qui rapporte plusieurs centaines de millions de dollars
Certes, certains sponsors publicitaires pourraient menacer de partir. Pour l'instant, tant que Sheen est capable d'aller au boulot, il peut dormir tranquille. Il touche près de 2 millions de dollars par épisode. Une somme folle, qu'on avait pas vue depuis Jerry Seinfeld ou Ray Romano.
Two and a half men a rapporté plus de 150 millions de dollars de recettes publicitaires à CBS l'an dernier, selon Kantar Media. Mieux, après huit saisons, la série est «syndiquée» (rediffusée) sur une vingtaine de chaînes locales et devrait assurer plus de 600 millions de dollars à Warner Bros sur les prochaines années, sans compter les revenus à l'étranger.
Lindsay Lohan, Charlie Sheen. Deux poids, deux mesures. Un délit flagrant de sexisme, affirment certains. La véritable explication est ailleurs: Sheen est simplement bancable.