Il était surnommé le « prince des lignes ». Le grand couturier Azzedine Alaïa est décédé à l’âge de 77 ans et a laissé le monde de la mode orphelin. Julien Fournié, le dernier couturier français à avoir reçu l’appellation « Haute Couture » du ministère de l’Industrie, en janvier 2017, a revient pour 20 Minutes sur l’héritage du Franco-Tunisien.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans le parcours d’Azzedine Alaïa ?

Il avait un rôle politique très important. il venait du Maghreb et du Moyen-Orient, il avait décidé de travailler le corps des femmes et de le sublimer.

Il a accompagné la transformation physique de Lady Di et lui a permis de s’émanciper du palais en transformant son corps. Il l’a habillée à 90 % pendant cinq à six ans.

Quel rapport avait-il avec les mannequins ?

Il était dur avec les femmes, mais il les aimait. Il les voulait droites, lumineuses… pour mieux les sublimer.

Qu’a-t-il apporté à la mode ?

Il était libre dans ses choix. Il défilait quand il le souhaitait, loin des diktats de la mode. C’est le dernier à avoir réussi à faire ça, loin de ce que les grands groupes imposent.

Qu’est-ce qui va le plus vous manquer chez lui ?

C’est lui qui m’a donné envie de faire ce métier, j’espère en être digne. J’ai beaucoup de chagrin. J’ai croqué beaucoup de ses modèles. C’était un monsieur génial. Des grands couturiers comme ça, aussi inspirants, je ne sais pas s’il y en aura encore. Il fait partie des gens qui aiment les femmes et la liberté, c’est très important. J’espère que ça ne va pas se perdre. Il aimait rire, se déguiser, faire à manger pour ses amis… Il va beaucoup nous manquer.