Charlotte Gainsbourg se confie sur la mort de sa sœur, Kate Barry et de son père, Serge Gainsbourg
Musique•La chanteuse signe les textes, en français, de son nouvel album dans lesquels elle évoque la disparition tragique de Kate Barry et le décès de son père, Serge Gainsbourg…Anne Demoulin
Un album confession. Dans son dernier album, intitulé Rest, comme dans « Rest in peace » (« Repose en paix »), Charlotte Gainsbourg pose pour la première fois de sa carrière des textes en français sur la musique signée par le petit génie de l’électro française SebastiAn. Elle y évoque la mort de sa sœur, Kate, disparue tragiquement le 11 décembre 2013, le décès de son père, le 3 mars 1991, et son manque d’assurance. La chanteuse a commenté les paroles de ses chansons dans une interview accordée à Elle, parue ce samedi sur le site de l’hebdomadaire.
« J’avais besoin de parler d’elle, de ma douleur »
La chanteuse et actrice consacre trois chansons à sa sœur, dont Kate, dans laquelle elle chante : « Tes cheveux de cendre/Ton âme trop tendre/Que rien ne berçait/Tu disparaissais/Dressée à l’alcool/Sans qu’il te console/Perdue à jamais/Si seule à t’attendre/Tiens mon cœur à fendre/Qu’est-ce que t’en as fait ?/Crois-tu qu’on s’ressemble ?/On devait vieillir ensemble ».
« J’ai perdu ma sœur. Cela a été un traumatisme très fort. J’ai fui Paris pour m’installer à New York avec Yvan [Attal, son compagnon] et nos enfants. Là-bas, je me suis retrouvée dans une situation d’urgence. J’avais besoin de parler d’elle, de ma douleur. La musique a été le lieu pour le faire », commente-t-elle dans une interview accordée au magazine Elle.
Elle raconte avoir été « totalement obsédée par elle ». « J’avais besoin de parler d’elle, de raconter qui elle était », poursuit-elle. « Faire cet album n’avait rien de thérapeutique. Je n’ai pas essayé de me guérir ou d’apaiser la douleur. Je voulais juste décrire des choses qui étaient liées à elle, à mon enfance, à ma peine », explique-t-elle encore.
« Mon père était quelqu’un d’exceptionnel »
Dans Lying With You, elle évoque Serge Gainsbourg sur son lit de mort : « Ta jambe nue sortait du drap/Sans pudeur et de sang-froid/J’étais allongée contre toi/Laisse-moi donc imaginer que j’étais seule à t’aimer/D’un amour pur de fille chérie/Pauvre pantin transi ».
« J’ai voulu parler de cette scène, car c’est l’image la plus forte que j’ai eue à voir et à vivre. (…) Son décès a vraiment été un choc dont j’ai eu beaucoup de mal à me remettre. Et la vraie césure a eu lieu quand je l’ai vu mort. C’est une scène qui a duré plusieurs jours, qui avait quelque chose d’irréel », commente-elle encore. « Sa mort m’a tellement ravagée que, pendant les dix ans qui ont suivi, je n’étais plus qu’une pauvre petite chose », confie-t-elle encore.
« Mon père était quelqu’un d’exceptionnel, hors du commun, très à part. Bien sûr, il y avait le talent, le génie, que tout le monde connaît. Il y avait aussi tous ses défauts, l’alcool, la cigarette, les excès. Mais c’était une personne qui avait un tel charme, une telle timidité, un tel mal-être aussi, qu’il était très difficile de ne pas l’aimer d’un amour inconditionnel », se souvient-elle.
Charlotte Gainsbourg se « tourne en dérision »
Dans la chanson « I’m a Lie » (« Je suis un mensonge »), elle se « tourne en dérision » : « Mon embarras, c’est moi/À jamais réservée/À toute heure timorée/Mon incommodité me dessert et pourtant/Je rêvais bien d’excès/De fantasmes indécents/Sous mon air retenu/Discret et bienséant ».
« Ce n’est pas très agréable de vivre avec ce caractère. D’être toujours dans l’inconfort, dans le doute. C’est fatigant, très fatigant », commente celle qui a « toujours eu un peu honte de prétendre être une artiste, toujours éprouvé un léger sentiment d’imposture ».