YOUTUBESam Zirah: «YouTube n'est pas une zone de non-droit»

Peut-on dire n'importe quoi sur YouTube? «Ce n'est pas une zone de non-droit», répond Sam Zirah

YOUTUBELes candidats de téléréalité se lâchent dans les vidéos des youtubeurs, mais ces derniers doivent les cadrer un minimum sous peine d'être attaqués pour diffamation...
Claire Barrois

Claire Barrois

A regarder Jeremstar ou Sam Zirah sur YouTube, on a l’impression que les candidats de téléréalité peuvent tout dire dans leurs vidéos. En réalité, c’est un peu plus compliqué que ça. A force de provoquer des séismes sur les réseaux sociaux à grands coups de révélations choc, Jeremstar a dû témoigner à plusieurs reprises au tribunal. Sam Zirah, plus prudent, prévient les attaques, et ça marche.

« Ce que les candidats racontent dans ces interviews fait partie du jeu de la téléréalité, nous a confié une proche de Jeremstar. Finalement, ce n’est rien de plus qu’un épisode du programme dont ils font partie. Les candidats n’existent que par ce biais, ils ont besoin de montrer un profil intéressant pour être recyclés dans un autre programme. » Par « profil intéressant », on entend « grande gueule », évidemment.

Plus c’est fort, mieux ça fonctionne

Et vas-y que je traite mon ex d’hystérique, que je déballe son passé sulfureux, que je balance les petits secrets des candidats qui ont tourné en même temps que moi… Plus c’est gros, plus ça fait parler des candidats, mais aussi de la chaîne YouTube sur laquelle ils se sont lâchés. Difficile, donc, pour leurs intervieweurs de trouver l’équilibre entre une révélation choc qui fait gagner du clic (et donc de l’argent grâce à la publicité) et la pure diffamation qui entraîne des poursuites judiciaires.

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Pour se garantir des plus gros dérapages, Sam Zirah tourne dans les conditions du direct pour que ce soit le plus authentique possible. « Mais je suis parfois contraint de couper certaines phrases qui vont trop loin, précise le journaliste. J’ai déjà eu une candidate qui disait que son copain lui tapait dessus. J’ai gardé ce qu’elle me disait, c’était un témoignage intéressant. Mais j’ai supprimé le nom dudit copain. » Il travaille également avec un service juridique qui contrôle tout, et un avocat également, qu’il ne dérange que lorsqu’il se sent « menacé », soit très rarement.

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« On n’a jamais déposé de plainte contre moi, précise Sam Zirah. En revanche, j’accorde des droits de réponse, comme un média classique, pour permettre aux personnes sur lesquelles on a fait des révélations dans mon émission de donner leur version des faits. » Il refuse également de publier autre chose que les confidences des principaux intéressés, contrairement à Jeremstar qui fonde nombre de ses articles sur les révélations de ses fans, les « jeremstarlettes », quitte à faire des ravages dans la vie privée des personnalités (comme la médiatique rupture de Nikola et Jessica) et à finir au tribunal.

« Je passe à côté de très gros buzz »

De son côté, le présentateur d’En toute intimité se laisse guider par son respect pour les personnes qui se confient à lui : « Je passe à côté de très gros buzz, mais c’est un parti pris, assume-t-il. Je ne suis pas sans foi ni loi. Evidemment, je vise le scoop, mais je respecte les personnes à qui je parle. » Et d’insister sur l’aspect humain de son travail : « Il n’est pas évident de composer avec tout le monde : Un titre trop édulcoré fait baisser l’impact de la vidéo, mais en même temps je ne veux pas que mes titres blessent des gens. »

Car, pour Sam Zirah, la recette de son succès (555.000 abonnés sur YouTube, plus de 22 millions de vues rien qu’au mois de mai) repose sur sa relation avec les candidats : « Les candidats me font confiance parce que je discute vraiment avec eux, souligne-t-il. C’est important pour moi de ne pas couper le lien avec eux. »

Pour ce faire, avant chaque interview, il discute plus d’une heure avec eux et surtout « assure le service après-vente » : Lorsqu’un candidat fait des révélations sur un autre, il appelle ce dernier pour le prévenir et en discuter avec lui, afin que le choc soit moins violent au moment de la diffusion. Mais il garde le dernier mot : « J’ai beau jongler avec la sensibilité de chacun, de toute manière, je sors ce que j’ai à sortir. »