JUSTICEProcès de «Voici»: Qui a pris les photos de Hollande et Gayet à l'Elysée?

Procès de «Voici»: Qui a pris les photos de François Hollande et Julie Gayet à l'Elysée?

JUSTICEL’actrice avait porté plainte contre l’hebdomadaire…
Audrey Chauvet

A.Ch. avec AFP

«François Hollande et Julie Gayet... à l'Elysée ! » : la une de l’hebdomadaire people du 21 novembre 2014, sous-titrée « Depuis le début de leur liaison, on ne les avait jamais vus ensemble! » a coûté une assignation en justice à Voici. Ce numéro, qui cachait des clichés de mauvaise qualité montrant le président de la République et sa compagne sur la terrasse des appartements présidentiels, a poussé Julie Gayet à porter plainte.

Inquiétudes pour la sécurité du président

Au-delà du procès, dont Voici est coutumier, l’inquiétude est plutôt du côté de l’Elysée : le photographe n’a pas été identifié et les soupçons planent. « Il existe deux ou trois spots, des bâtiments extérieurs de l'Élysée qui offrent un petit angle de vue, bien connu des paparazzis », affirme à l'époque la rédactrice en chef de Voici, Marion Alombert, alimentant des interrogations sur la sécurité présidentielle. « Ces photos n'ont pas été faites de l'intérieur de l'Élysée. » Quelques jours plus tard toutefois, cinq membres du personnel de l'Élysée affectés au « service privé » du chef de l'Etat, susceptibles d'avoir pris les images, sont mutés à d'autres postes.

L'enquête démontrera bien que les photos ont été prises de l'intérieur, sans toutefois permettre de confondre leur auteur. En l'absence du photographe, grand absent, seul était donc jugé mardi le directeur de publication de Voici et PDG de Prisma Media, Rolf Heinz, pour « atteinte à l'intimité de la vie privée par fixation ou transmission de l'image d'une personne ». Il ne s'est pas déplacé.

L’Elysée, lieu privé?

L'avocat de Julie Gayet, Jean Ennocchi, s'interroge: « Existe-t-il un débat d'intérêt légitime » à publier ces photos? Que nenni, raille-t-il, citant l'article qui les accompagne: » »Des clichés qui prouvent au moins une chose: ces deux-là se voient toujours, et même de plus en plus souvent» ». Ecartant « le droit à l'information » du public invoqué par Voici, il demande un euro de dommages et intérêts ainsi qu'une publication judiciaire en couverture de l'hebdomadaire. « On monte d'un cran! », appuie le procureur, par rapport à des clichés publiés dans Voici et VSD, montrant le couple dans le parc de la résidence présidentielle de La Lanterne. Car il y a là selon lui « vol, à l'intérieur de l'Elysée, des photos ».

L'enquête « n'a pu aller jusqu'au bout » et identifier le photographe, déplore l'accusateur. Il reste «délicat de faire du chiffre avec un vol», «on est dans l'espionnage visuel», tacle-t-il, en requérant la condamnation du magazine à une peine d'amende et à une publication judiciaire. Il insiste: «On peut aller plus loin, dans la chambre, en disant que c'est de l'intérêt général!» L'Elysée, lieu privé? «Pardon, ça laisse perplexe !», rétorque l'avocat de Rolf Heinz, Olivier d'Antin. «C'est pas un lieu comme un autre. Madame Gayet n'est pas une femme comme les autres. Nous sommes au coeur du pouvoir.»

«Au fond, peu importent les circonstances» de la prise des photos, avance-t-il. «Il est intéressant pour le public de savoir que Julie Gayet est très souvent à l'Elysée, du seul fait que le budget de l'Elysée est un budget public.» Il évoque des «dîners» donnés au palais par l'actrice, un goûteux «rhum haïtien» dont Joey Starr s'était délecté. Les clichés «ont contribué à leur manière, peut-être un peu maladroite, à poser les bases d'un débat d'intérêt général», résume le conseil. Il demande la relaxe de son client et insiste sur le caractère «essentiel» de l'information: «Ils sont à l'Elysée souvent». La décision du tribunal est attendue le 5 juillet. .