Le Prince Charles au cœur d'une polémique au Royaume-Uni
PEOPLE•Une nouvelle biographie relance les interrogations sur l'aptitude au trône du futur monarque....Anne Demoulin
Capable ou incapable de régner? Telle est la question que se pose le Royaume-Uni à de la parution des bonnes feuilles de biographie consacrée au Prince Charles, présenté comme peu susceptible d'observer la sacro-sainte neutralité ayant contribué au succès du règne de sa mère, Elizabeth II. «La reine redoute que le pays ne soit pas prêt à accepter Charles et son activisme», titre le Times, «Tensions aupalais, Charles refuse d'être un roi muet», titre encore le Sunday Times.
Le Prince Charles se prépare «sans enthousiasme»
Catherine Mayer, journaliste au Time à Londres, auteur de Charles: le coeur d'un roi (Charles: Heart of a King), s'interroge dans cette biographie controversée de 448 pages, sur l'appétence du futur Charles III pour «le top job». Selon elle, il se préparerait «sans enthousiasme» à la relève, de peur d'avoir à délaisser ses centres d'intérêt. Le portrait est ambivalent et en fin de compte «modérément flatteur», dixit la BBC, qui vient de déprogrammer un documentaire critique sur le futur monarque.
Un «manque de confiance congénital»
Le prince a un «manque de confiance congénital» compterait trop de béni-oui-oui dans son entourage. Son palais, Clarence House, s'apparenterait à «Wolf Hall», le sobriquet utilisée par l'historienne Hilary Mantel pour décrire les querelles byzantines voire assassines à la cour d'Henri VIII, au XVIe siècle.
«Sauver la planète et la monarchie»
D'un autre côté, celui que ses 161 employés appellent «le Boss», «le chevalier ayant pour but ultime de sauver sa planète d'adoption et la monarchie» refuserait de «mettre en veilleuse» ses convictions en faveur de la protection de l'environnement, des médecines douces, de la nourriture bio ou de l'insertion des jeunes défavorisés.
«Le Prince m'a confié “je veux élever les aspirations, recréer l'espoir là où il y a du désespoir, et de l'aisance là ou sévissent les privations”», écrit Mayer.
N'en déplaise à ceux qui le considèrent «comme un parasite, un excentrique qui parle aux plantes» ou à ses détracteurs -emmenés par le duc d'Edimbourg- qui lui reprocheraient de placer «ses passions cérébrales» avant ses devoirs royaux.
Pour l'éditeur WH Allen, le livre révèle un homme «dans toute sa complexité», avec des «opinions passionnées de sorte qu'il ne sera jamais aussi en retrait et impartial que sa mère».
Un ouvrage «non-autorisé»
Clarence House, visiblement outré, insiste sur le caractère «non-autorisé» de l'ouvrage. «Les spéculations sur ce que pourrait être le rôle du Prince de Galles devenu roi sont dans l'air depuis des décennies. Nous n'avons fait aucun commentaire sur le sujet, et ce n'est pas maintenant que nous allons commencer», a coupé court une porte-parole.
La journaliste-écrivain se prévaut d'un bref entretien avec Charles et d'un accès à de nombreux proches, courtisans et opposants ayant requis l'anonymat, comme c'est l'usage pour évoquer les membres de la famille des Windsor.
La reine «a toute confiance» en Charles
Elle a déclenché un déluge de mises au point émanant de sources «royales», «informées», «issues du premier cercle». Qu'on se le dise, la reine de 88 ans «a toute confiance» en Charles, 66 ans, qui la représente régulièrement dans le cadre de l'apprentissage d'un métier qu'il exercera à un âge où les Britanniques profitent de leur retraite.
«Une tempête dans une tasse de thé»
La publication de cette biographie intervient alors qu'en mars, la Cour Suprême décidera s'il convient de rendre publics les «Black Spider Memos», les lettres «en pattes de mouche» adressées à sept ministères par le futur roi, soupçonné d'ingérence. La monarchie constitutionnelle britannique veut que le souverain règne mais ne gouverne pas, laissant ce soin au gouvernement démocratiquement élu.
Doit-on craindre une crise ou s'agit-il «d'une tempête dans une tasse de thé"? «Le problème ne se pose pas pour le moment, parce qu'il n'est pas encore roi. S'il s'exprimait aussi librement, une fois monarque, cela pourrait s'avérer problématique», estime Robert Jobson, expert royal.