Les égoutiers ouvrent leurs bouches
Social Les professionnels de l'assainissement veulent une retraite qui tienne en compte de la pénibilitéLucie romano
AParis, les égoutiers vivent dix-sept ans de moins que le reste de la population française. C'étaient les conclusions d'une étude en 2010 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale et de la Ville de Paris. Et en deux ans, la situation n'a guère évolué pour les 254 égoutiers parisiens qui affichent ce mardi leur ras-le-bol (lire l'encadré). La Ville, qui n'a pas souhaité s'exprimer, a bien mis en place un système de ventilation dans les bouches d'égouts, admet Rudy Pahaut, secrétaire général CGT. Mais les conditions restent difficiles : « Il fait sombre. On évolue à côté des cafards, des rats, dans la ferraille et la matière fécale mais aussi, de plus en plus, toutes sortes de produits chimiques. On peut tomber dans l'eau ou marcher sur une poche de gaz », témoigne-t-il. Le cas le plus répandu est une exposition répétée à ce gaz, l'hydrogène sulfuré (H2S), qui a déjà tué des égoutiers à Poissy, en 2006.
Nausées et cancers du foie
Le biologiste Claude Danglot a travaillé au service de médecine préventive de la Ville de Paris et étudié les effets du H2S : « Cela entraîne de fortes diarrhées, des nausées, des hépatites virales E et des cancers du foie. » Le médecin syndicaliste appelle à une meilleure surveillance sanitaire « de cette profession dont on s'occupe peu ». « On ne peut pas non plus descendre en scaphandre », conclut Rudy Pahaut. Plutôt qu'une amélioration de ses conditions de travail, il attend d'abord beaucoup du nouveau gouvernement sur les retraites.