Décibels et beatbox pour les détenus
prison Le trio Twin Twin s'est invité dans la maison d'arrêt de Nanterre hier pour un petit concertOihana Gabriel
Un concert classique… ou presque. Un groupe ultra looké, un danseur survolté… et 50 minutes de retard. Hier après-midi, le groupe français Twin Twin s'est offert une assistance un peu particulière, celle de la salle polyvalente de la maison d'arrêt de Nanterre (92).
Rock vs beau temps
C'est la troisième année que le festival Chorus propose à l'un des invités de passer par la prison pour offrir un bol d'air musical aux détenus. Ambiance un peu fraîche hier, dans la salle sans fenêtre qui sert d'église le week-end et où réside un vieux panier de basket. Mais sur la scène, le spectacle est total mené tambour battant par le dynamique et cocasse groupe de rock. Au crachoir, Laurent, coiffure en pétard, nœud papillon et bretelles. Son collègue, Patrick peintures blanches sur le visage et collant bariolé assure le beatbox pour une version revisitée de Marcelle de Boby Lapointe. « Allez Patou ! » crie un des spectateurs dans la salle remplie seulement à moitié. Cinquante inscrits, une vingtaine de présents. « Je suis déçue qu'il y ait si peu de monde, avoue Carmelina de Pablo, à l'origine du projet. Les années passées, il y avait une soixantaine de spectateurs. » Un regret partagé par Benjamin*. « S'il y avait eu plus de monde, l'ambiance aurait été meilleure. Mais ils savent s'y prendre avec le public, et un public de prison, c'est difficile. Ça nous fait oublier la prison pendant une après-midi. » Si le public est resté plutôt calme mais souriant, Twin Twin peut se targuer d'avoir un nouveau et énergique fan. François* a passé le concert debout, torse nu à danser au fond de la salle. « On était peu nombreux parce qu'il fait beau et on est enfermé tout le temps, du coup certains préfèrent sortir faire du sport », assure François*. « J'espère qu'on se croisera dans de meilleures conditions », lance le chanteur du groupe au public plutôt jeune. Après le concert, certains spectateurs viennent remercier et discuter avec le trio. « Il y avait peu de monde mais une bonne interaction, se félicite le chanteur du groupe. On connaît des gens qui passent par la prison. Pour nous, c'est un public comme un autre. »