« De nouvelles boutiques ont ouvert, mais il ne faut pas rêver »
« Je ne peux pas accepter que des quartiers comme le 5e et le 4e, qui sont l'âme intellectuelle de Paris, soient livrés à des grands groupes », a déclaré hier le maire (PS) de Paris, Bertrand D...H. C.
« Je ne peux pas accepter que des quartiers comme le 5e et le 4e, qui sont l'âme intellectuelle de Paris, soient livrés à des grands groupes », a déclaré hier le maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, en visitant l'unique librairie hispanophone de la capitale, qui a ouvert avec l'aide de la Semaest. La Ville souhaite préserver l'esprit culturel du Quartier latin. Mais presque partout ailleurs, l'objectif est la diversification.
Rue Saint-Denis, en plein après-midi. Les néons des sex-shops clignotent. Dans sa petite cordonnerie, Mickael Amari travaille sur ses chaussures sur mesure. Il y a trois ans, la Semaest lui a proposé un local à loyer réduit, « environ 30 % de moins que le prix du quartier », pour l'aider à s'installer. « Depuis, j'ai vu la rue changer, raconte-t-il. De nouvelles boutiques ont ouvert, comme la cave à vin d'à côté. Ça attire une clientèle plus bobo, très cool. Mais il ne faut pas rêver, même s'il y a moins de sex-shops, certaines personnes ne veulent toujours pas faire les magasins dans le quartier, ce n'est pas assez chic. » Rue de la Folie-Méricourt (11e), l'ambiance est radicalement différente. Les trottoirs sont déserts, les ateliers côtoient les vitrines vides. « Avant, c'était une rue d'artisans, et puis les grossistes en textile sont arrivés, se souvient Sophie Ludot, qui travaille dans une boutique de puzzles. Beaucoup de petits commerces ont fermé parce que les propriétaires vendaient au plus offrant, les grossistes. » Grâce à la Semaest, elle a pu louer un grand local. « Ces derniers temps, il y a eu des ouvertures, un bar, un disquaire. Un commerce en appelle un autre. Des gens qui ont quitté le quartier à l'époque sont étonnés quand ils reviennent. » Du côté de Montgallet (12e), la prédominance des détaillants en matériel informatique reste écrasante. La sandwicherie de Philippe Hoang est l'un des rares autres commerces. Sa vitrine arbore le macaron Vital'quartier, mais c'est son prédécesseur qui en aurait profité. Il dit avoir racheté le bail et payer un loyer normal à la Semaest. « Ce quartier, c'est fini, lâche-t-il. Avant, les gens s'arrêtaient boire un coup, mais ça arrive moins. Il n'y a plus personne. »