La Bapsa, ces flics qui aident les SDF
Depuis cinquante ans, la brigade d’assistance aux personnes sans abri (Bapsa) sillonne la capitale pour secourir les plus démunis. De 6 h 30 à 23 h, ils interviennent sur appel au 115, le Samu social ne prenant le relais qu’en soirée. Au sein du service,© 20 minutes
Depuis cinquante ans, la brigade d’assistance aux personnes sans abri (Bapsa) sillonne la capitale pour secourir les plus démunis. De 6 h 30 à 23 h, ils interviennent sur appel au 115, le Samu social ne prenant le relais qu’en soirée. Au sein du service, deux équipiers sont chargés de la prévention. Après trente ans dans la police, dont dix à la Bapsa, Gilles Cerdan (photos), le sous-brigadier, s’est fait un prénom chez les SDF. « On se tutoie, ça crée la confiance. » Il a choisi ce service parce qu’il « en avait marre de la répression. Je me suis dit, pourquoi pas faire du social. » Hier, 7 h 30, Gilles part avec Abdel, adjoint de sécurité, pour assurer le suivi de ses « habitués ». La vague de froid qui s’abat en ce moment sur l’Ile-de-France a encore dégradé leurs conditions. « On les transporte pour aller au car dentaire, pour faire des démarches administratives, pour aller chercher des vêtements... », explique le sous-bragadier. Première escale chez Thierry, qu’ils aident depuis un mois. Installé sous le périphérique de la porte Maillot (16e), l’homme est à la rue depuis dix ans. « Quand ma femme est partie avec mon fils, je suis allé sous le pont Charles-de-Gaulle à Austerlitz (13e), au camping de Boulogne (92) et au pont de Suresnes (92). Maintenant, je me suis embourgeoisé, je suis dans un quartier huppé », ironise-t-il. Au fond de lui, Thierry veut s’en sortir. Depuis qu’il fréquente la Bapsa, il voit sa situation évoluer. « Ce qui est important, c’est la santé, mes problèmes de dents et d’alcool. Il y en a marre de cette galère, eux, ils m’ont fait bouger. » Il a fait une demande de RMI. Ce matin, il part pour le car dentaire. Il en profitera pour faire un détour au « vestiaire » d’Emmaüs, situé à côté. Il a besoin de vêtements chauds. Shyqyri, qui gère les stocks pour l’association, souligne que « 70 % des gens qui viennent ici sont des hommes. Mais nous recevons surtout des vêtements de femmes, elles renouvellent plus souvent leur garde-robe. » 9 h 40, Gilles et Abdel partent pour un camp de Roms situé porte de la Villette (19e), où vivent environ cent personnes. « Une centaine de femmes supplémentaires sont arrivées hier soir », confie le sous-brigadier. Certaines « partent travailler », faire la manche. Une autre veille sur son bébé, né dans le camp il y a quelques semaines. « Elle a accouché ici, raconte Abdel. Après, on l’a emmenée chez Médecins du monde. » Les deux hommes terminent par une distribution de couvertures et de vêtements. Leur mission touche à sa fin, mais ils feront un ultime crochet. Gédéon, planqué sous des cartons avenue de la Porte-des-Poissonniers (18e), ne met jamais plus d’une main dehors. Aujourd’hui, la Bapsa lui apporte une couverture. « Il est déconnecté », s’inquiète Gilles. Magali Gruet