« Une bétaillère à transport… » Les futures rames du métro ne convainquent pas les usagers
Tout le monde debout•Les futures rames MF19, installées à partir de 2025 sur plusieurs lignes du métro, proposent moins de places assises que leurs prédécesseures
Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- À partir de 2025 et jusqu’en 2033, les nouvelles rames MF19 vont être déployées sur huit lignes du métro parisien.
- Vantées plus confortables et plus modernes, elles proposent en revanche moins de places assises que les rames déjà en place.
- Si IDFM défend ce choix par la volonté de gagner en fluidité le parcours des voyageurs à l’intérieur des rames comme à la montée ou descente, les usagers des rames concernées ne semblent pas emballés.
«Tout le monde debout, que la fête commence… » La chanson des Neg’Marrons sera peut-être un jour l’hymne officiel du métro parisien. En effet, l’année 2025 doit être celle de l’arrivée des nouvelles rames MF19 sur une partie du réseau. Une nouvelle rame vantée plus confortable et plus performante selon Île-de-France Mobilités, et qui devrait équiper les huit lignes à l’avenir (3, 3bis, 7, 7bis, 8, 10, 12 et 13).
Si les MF19 sont destinées à « améliorer les conditions de voyage pour les usagers », il semble que ces derniers montrent moins d’enthousiasme à l’annonce d’un détail : les nouvelles rames proposeront moins de places assises.
Près de 40 % de places assises en moins
Car oui, deux configurations de ces rames sont prévues au déploiement. Une première dite « Confort » qui devrait proposer 36 places assises (24 fixes et 12 strapontins) et qui équipera les lignes 3, 3bis, 7bis, 10 et 12 et qui pose moins de problèmes aux usagers. Mais aussi une autre, « capacitaire » qui elle ne comptera que 20 sièges fixes et 8 strapontins sur les lignes 8 et 13, plus chargées, et plus souvent au bord de la saturation explique IDFM à nos confrères du Parisien.
Une stratégie qui s’entend mais qui réduit considérablement le nombre de places assises sur ces dernières lignes par rapport aux rames actuelles (de 40 à 52 places). Un changement difficile à avaler pour Fatou, habituée de la ligne 13 qui souffle : « Je fais plus d’une heure de transports tous les matins pour aller au travail, dont au moins 35 minutes dans la 13. Mes jambes me font mal et ne peuvent me tenir longtemps, ça va être encore plus dur de trouver une place assise… »
« C’est une décision surprenante, commente Marc Pélissier, Président de l’Association des usagers des transports (FNAUT) en Île-de-France, on parle toujours plus d’une population vieillissante, de problème d’accessibilité, etc. Une réduction du nombre de places assises ne va pas vraiment dans ce sens. » Si IDFM met en avant un gain de fluidité, dans les rames, comme pour les « montées et descentes », Marc Pélissier y voit une autre contradiction : « Il y a le Grand Paris Express, je croyais que la ligne 15 arrivait pour soulager les autres lignes justement et nous libérer de la contrainte de faire entrer toujours plus de monde dedans… »
« Pour les plus faibles, c’est bien quand même bien de pouvoir s’asseoir »
Pour Marceau, rester debout n’est pas un problème. À 22 ans, il est en forme mais craint davantage pour les autres : « Pour les personnes âgées, les parents avec des enfants, les plus faibles, c’est bien quand même bien de pouvoir s’asseoir. » Surtout, il est surpris de cette évolution : « J’imaginais que le futur verrait plus de places assises, avec peut-être plus de trains grâce à l’automatisation. Ça me surprend que ça aille dans ce sens. »
Un sens qui ne plaît pas du tout à Sandrine, déjà victime à plusieurs reprises de « frotteurs » : « La position debout dans les transports en commun m’angoisse désormais. Assise, je peux au moins surveiller ce qui se passe devant moi sans avoir à craindre ce qui se passe derrière. »
L’effet « bétaillère »
« C’est un peu la dernière limite acceptable, prévient Marc Pélissier craint de voir constamment les transports en commun perdre leurs sièges, on nous renvoie souvent aux transports en Asie ou il y a très peu de places assises, mais ce n’est peut-être pas l’exemple à suivre. D’autant que les rames où tout le monde est debout renvoie toujours plus à l’impression “bétaillère” du transport. Ce n’est pas ce que nous appelons une amélioration des conditions de transports… »
Plus fataliste, Margot espère au moins que cela permettra aux passagers d’être un peu moins serrés : « Quand je vois les vieilles images du métro, tout le monde était assis. Maintenant, on enlève de plus en plus de sièges. Bientôt il va falloir courir à côté du train… »