Réouverture de Notre-Dame : « J’aurais été capable d’escalader les toits pour avoir un siège » pour la première messe
Jour de grâce•Avec seulement 1.500 places disponibles pour cette première messe ouverte au public dans Notre-Dame de Paris, il fallait vraiment être déterminé pour obtenir le précieux sésame d’une présence dans la cathédrale ce dimanche soirRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Ce dimanche, après un week-end de célébrations, se tenait la première messe ouverte au public dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.
- Avec seulement 1.500 places disponibles, il fallait être un acharné pour se procurer un ticket pour la soirée.
- Venus de partout et prêts à tout, 20 Minutes est allé à la rencontre de ces dingues de Notre-Dame.
Pour certains, c’était la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Pour eux, l’événement de 2024 à ne pas manquer se passait ce soir avec la première messe ouverte au public dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, cinq ans après l’incendie qui a choqué le monde.
Ouverte à tous, cette célébration était des plus prisées puisque les réservations, gratuites, se faisaient par le biais du site Internet de Notre-Dame ou son application et l’ensemble des 1.500 places sont parties en quelques minutes. Et pour cause, la grande majorité de ceux qui sont présents sur le parvis ce dimanche soir, est acharnée.
Prêts à tout
« C’était impossible pour moi de ne pas être là ce soir. J’aurais été capable d’escalader les toits de l’Île la Cité pour avoir un siège dans la cathédrale ce soir. » Un peu extrême, Edwin* n’est pourtant qu’un de ces fous de Notre-Dame qui ont tout fait pour être là. Etudiant venu de Reims, ce jeune croyant, non-pratiquant, de 24 ans a surtout la bosse des édifices religieux. « Forcément, en tant que Rémois, j’ai été à bonne école. Mais Notre-Dame a un truc particulier. D’autant plus depuis l’incendie. Ça rajoute de la mystique. Je ne pouvais plus attendre, quitte à le cacher à mes parents qui pensent que je révise. »
Lui non plus ne pouvait pas attendre. Sans même savoir s’il pourrait avoir une place, Stéphane a pris ses billets de train Toulouse-Paris depuis plusieurs mois, sans garantie de pouvoir entrer : « Je n’ai même pas attendu de savoir si mon patron m’accordait mes congés. Je devais être là. » Véritable « amoureux de Notre-Dame », il affronte la pluie battante, quelques minutes avant d’entrer dans la cathédrale avec le sourire d’un enfant qui va découvrir Disneyland. « Je me suis connecté sur tous mes appareils, portables et ordinateurs mardi pour avoir des places. Du coup, j’en ai pour ce soir [dimanche], mais aussi pour la messe de demain [lundi], et j’étais même sur les quais hier soir [samedi] pour assister à la cérémonie de réouverture. »
Si son Occitanie natale n’est pas la porte à côté, ce n’est rien à côté du périple que certains ont affronté comme Rorie, une Écossaise de 32 ans qui a fait le voyage spécialement pour l’occasion. « Je savais depuis plusieurs mois que j’avais un billet. Un de mes amis a travaillé sur la rénovation de Notre-Dame et m’en avait promis un. Donc j’ai pu préparer mon trip. Je suis tellement heureuse de pouvoir être ici. Notre-Dame fait partie des lieux piliers du catholicisme dans le monde. La voir renaître, c’est renforcer l’espoir que la foi résiste à tout, tout le temps. »
Par foi ou par amour de l’architecture
Une foi qui a aussi fait déplacer Heidi et son petit-fils Adam, jeune enfant autiste obnubilé par Notre-Dame de Paris. « Il voulait fêter Saint-Nicolas dans la cathédrale. Ce sera pour l’année prochaine. Mais je voulais quand même absolument venir. Parce que je suis sûr que cela apportera des changements dans sa vie. »
Même s’il est croyant, Daniel, jeune ingénieur colombien habitant à Paris, est davantage venu pour la beauté de la cathédrale et l’aspect patrimonial de sa rénovation. « En Amérique du Sud, nous sommes un continent jeune, donc nous avons l’habitude des édifices jeunes. Ici, les églises ont plus d’histoires donc sont souvent plus sombres et plus marquées. C’est rare de voir une église rénovée à ce point ici. J’ai vraiment hâte de la voir », sourit-il en avouant avoir reporté une réunion en visio-conférence pour ne pas louper le top départ de la réservation en ligne mardi. Généreux, il s’est rattrapé tout de même en prenant un maximum de billets pour inviter ses amis.
« C’était grandiose ! Divin ! »
Sa plus grosse attente ? Voir l’intérieur de la cathédrale, sa pierre blonde, ses nouveautés, etc. : « J’ai essayé de ne pas regarder trop d’images en amont pour avoir au maximum la surprise une fois à l’intérieur. »
Et il faut croire que ça en valait la peine à la sortie de la messe où les fidèles ressortent dans une forme d’effervescence bien résumée par Edwin* qui semble avoir vécu une épiphanie. Les yeux brillants, il résume : « Je m’attendais à quelque chose de beau. C’était grandiose. Ça dépasse de loin la simple question de la religion. C’est divin. »
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