Paris-Normandie : Mais pourquoi la région Île-de-France s’oppose-t-elle à la ligne ferroviaire ?
Transports•Valérie Pécresse et le Conseil régional d’Île-de-France s’opposent au projet, au grand dam des élus normandsR.L.D.
La Normandie, si proche, si loin de Paris. Ce mercredi, le Conseil régional d’Île-de-France a adopté une motion (144 votes pour, 30 votes contre, 22 abstentions) pour demander à l’Etat d’abandonner le projet de Ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN), une nouvelle ligne ferroviaire censée réduire les temps de trajet entre la capitale et plusieurs villes normandes.
Ce projet, lancé en 2009 et impulsée par Nicolas Sarkozy, président de la République à l’époque, était pourtant bien avancé. Après une première phase d’étude menée de 2014 à 2017, l’Etat avait, en 2020 réaffirmé « son caractère prioritaire » et fixé une feuille de route.
Valérie Pécresse dénonce l’impact écologique du projet…
Cette ligne doit permettre de relier Paris à Rouen en moins d’une heure (contre 1h20 actuellement) ou Paris au port du Havre en seulement 1h45 (contre entre 2 heures et 2h30 actuellement). Cette ligne devait également permettre de désengorger les voies ferrées aux abords de Paris.
Problème, la présidente de région, Valérie Pécresse s’y oppose en avançant plusieurs arguments. Selon elle, « l’impact écologique et économique serait désastreux pour les communes traversées, notamment dans les Yvelines » puisqu’elle nécessite « l’artificialisation de centaines d’hectares de terres agricoles qui sont parmi les meilleures de France ».
…Et pose des conditions
Elle dénonce également un projet qui « va détruire ou endommager les ressources en eau ainsi que des espaces naturels essentiels à la protection de la biodiversité » pour un coût estimé à 11,5 milliards d’euros, « une aberration économique » selon l’ancienne candidate à l’élection présidentielle.
Pour apporter son soutien au projet, Valérie Pécresse avait émis trois conditions : le maintien de l’arrêt des trains normands dans le Mantois, un prolongement de la section en souterrain dans les Yvelines et « que le service fret ne se fasse pas au détriment des voyageurs ». Des conditions refusées par l’Etat et la région Normandie selon la motion déposée.
Les élus normands s’insurgent…
Une position qui a fait dérailler les élus de la région Normandie qui se sont fendus d’un communiqué pour dénoncer la motion adoptée par l’Île-de-France et défendre un « projet d’intérêt national ».
Signé par les élus de la région et de plusieurs agglomérations (dont Hervé Morin, Région Normandie, Edouard Philippe, maire du Havre ou Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen) le communiqué s’attaque directement à Valérie Pécresse qui « multiplie les oublis et les erreurs », et rappelle que la présidente d’Île-de-France était ministre du gouvernement qui avait porté ce projet en 2009.
Surtout, les élus normands mettent en avant le coût déjà consacré au projet, et auquel l’Île-de-France a contribué, de « plus de 100 millions d’euros à ce jour ».
…Et se tournent vers le futur gouvernement
Ils rappellent également que « les Yvelines sont dépendantes des trains normands, qui proposent aujourd’hui des liaisons directes, plus performantes que les services assurés par les Transiliens, entre Rosny, Bonnières, Mantes et Paris-Saint-Lazare ».
Le communiqué avance que la LNPN « constitue en réalité l’acte majeur d’aménagement d’un corridor économique stratégique pour le pays tout entier, contribuant fortement au développement des mobilités décarbonées pour les voyageurs et pour le fret » parce que la ligne permettrait « un report des trajets de la voiture vers le rail, en dotant l’ouest de l’Île-de-France et la Normandie de liaisons fréquentes, fiables, rapides et directes en direction de Paris ».
Les élus de la région Normandie en appellent désormais à l’Etat au futur gouvernement pour poursuivre le projet et maintenir les réunions de travail prévues dans les prochaines semaines.
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