JO Paris 2024 : Oui, la vasque pourrait rester au jardin des Tuileries « mais sans la flamme »
Tour Eiffel 2.0•Véritable succès populaire, la vasque olympique, installée dans le jardin des Tuileries pourrait rester à Paris après les JO. C’est en tout cas le souhait de nombreux habitants de la capitale, d’Anne Hidalgo et même de son concepteurRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Si la cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 a été un grand succès, c’est aussi grâce à la vasque olympique qui a conquis le public au point que de nombreux Parisiens réclament déjà de la conserver après la fin des Jeux.
- Une idée appuyée par Anne Hidalgo, maire de Paris. Elle veut en faire un élément du patrimoine de la Ville lumière.
- Son concepteur, le français Mathieu Lehanneur, ne s’opposerait pas à cette idée, à condition que la flamme soit éteinte, par respect pour la tradition olympique. L’artiste a toutefois des idées de reconversion pour son œuvre qui pourrait devenir un lieu de mémoire aux premiers hommes qui ont quitté le sol en 1783 dans le jardin des Tuileries.
C’est l’une des stars de ce début de JO de Paris 2024. « Epoustouflante », « exceptionnelle », « divine »… Les superlatifs n’ont pas manqué pour qualifier la vasque « montgolfière » olympique dévoilée lors de la cérémonie d’ouverture de vendredi. Un coup de cœur confirmé tout au long de ce premier week-end pendant lequel le chef-d’œuvre a squatté les unes, les ondes et les écrans du monde entier. Il a même attiré les visiteurs au jardin des Tuileries comme une lumière aimante les papillons. Au point de saturer le site de réservations dédié.
De quoi frustrer les touristes comme les Parisiens amassés à distance pour l’admirer, faute de mieux. Mais ces derniers peuvent se rassurer, ils pourraient bénéficier d’un peu plus de temps que prévu pour en profiter.
De vasque olympique à patrimoine parisien ?
À peine installée, le futur de la vasque olympique suscite déjà beaucoup d’intérêt. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les internautes qui, sous le charme, suggèrent de conserver l’œuvre en héritage, de transformer la vasque olympique en monument parisien à part entière. Suivre la destinée de la tour Eiffel, œuvre éphémère destinée à être démontée après l’Exposition universelle de 1889, devenue le symbole éternel de Paris.
Tel un Aaron Grandidier, Anne Hidalgo s’est empressée de récupérer l’idée avant de foncer dans un sprint Dupontien vers sa réalisation ce lundi matin chez nos confrères de France Bleu Paris : « C’est un objet extraordinaire, magnifique. Et l’endroit dans lequel il se situe est magnifique, […] ils – avec les anneaux sur la tour Eiffel et les statues des femmes dévoilées lors de la cérémonie d’ouverture – font partie d’objets iconiques et d’un héritage des Jeux qu’on a envie de garder. »
Les Parisiens en redemandent
Si l’essai reste encore à transformer, l’édile de Paris pourrait compter sur un soutien de poids : ses administrés. Un sondage réalisé par nos soins dans le public présent au jardin des Tuileries (et sur les réseaux sociaux) ce lundi ne laisse aucun doute sur l’opinion dominante. « C’est magnifique, le ballon est dans l’alignement de la Pyramide du Louvre et de l’obélisque de la Concorde. Ça marche vraiment », explique Lucile, une Parisienne de 42 ans.
« L’œuvre est parfaitement à sa place. Elle représente les valeurs olympiques et est en même temps un formidable clin d’œil aux frères Montgolfier », se réjouit Bernard qui nous rappelle que c’est depuis le jardin des Tuileries que les deux Ardéchois, se sont envolés à bord d’un ballon à hydrogène en 1783. L’argument est tout trouvé.
S’il en fallait un autre, c’est Jil, une habitante du quartier qui l’apporte : « C’est une flamme sans combustible, ça devrait plaire à la mairie de Paris, ça colle à leur politique écolo. »
Le musée du Louvre botte en touche
Si Jil n'est pas contre admirer le ballon en sortant de chez elle, Marius, 26 ans est un peu plus sceptique. Sans avoir aucun doute sur son envie de voir la vasque rester à Paris, il n’est pas convaincu par l’emplacement. « Le temps des Jeux, elle y est bien. Mais je trouve qu’elle est un peu massive pour la laisser à cet endroit à l’avenir. Elle attrape un peu trop le regard et dénote un peu trop avec son environnement », précise-t-il en confessant ne pas avoir d’autre idée de séjour à proposer.
Contacté par 20 Minutes, le musée du Louvre, gestionnaire du jardin des Tuileries assure que c’est « un grand honneur, une joie et une immense fierté que d’accueillir dans les Tuileries, sur son domaine, la vasque olympique et ses milliers d’admirateurs », mais ne peut s’engager sur la question, n’étant pas le propriétaire de l’œuvre.
Les propriétaires sont conjointement Paris 2024 et EDF. Contactées par 20 Minutes, les deux entités n’ont, pour le moment, pas répondu à nos sollicitations.
Son créateur n’est pas décisionnaire
Alors nous nous sommes tournés vers l’un des principaux intéressés dans l’histoire, le concepteur et créateur du chef-d’œuvre, le Français Mathieu Lehanneur. « Avec Tony Estanguet, nous avons tout envisagé. La météo, les conditions de sécurité… Tout sauf ça », explique-t-il presque gêné.
« N’étant pas propriétaire de la vasque, et encore moins des Tuileries, je ne suis pas décisionnaire. Mais si cela devait arriver, je ne m’y opposerai pas. » Au contraire. D’autant que l’élan qui a mené à cette possibilité vient d’une grande ferveur populaire, comme il l’explique : « Dimanche encore, j’étais sur le site pendant toute l’après-midi et la soirée, et j’ai entendu cette idée dans la bouche de plusieurs personnes. Une dame m’a même dit : "C’est la nôtre maintenant, on la garde." Et elle a raison. »
Si la vasque devait rester au jardin des Tuileries, cela serait pour l’artiste un « rêve absolu ». « Après ça, je pourrais mourir tranquille, lance-t-il même en paraphrasant Thierry Roland. Mais à une condition… On ne peut pas garder la flamme. »
« Pas de sens de la garder allumer »
Grosse douche froide pour tous ceux qui imaginaient déjà le feu olympique flotter pour l’éternité au centre de la Ville lumière. « La beauté de la flamme olympique est de partir du mont Olympe pour venir illuminer les Jeux… avant de s’éteindre, pour se rallumer ailleurs. C’est toute la beauté de la liturgie. Cela n’aurait pas de sens de la garder ainsi », justifie-t-il.
Comme pour rassurer les admirateurs de son œuvre, Mathieu Lehanneur embraie sur de possibles solutions. « Il faut se poser la question : Si on garde l’objet, que devient-il dans sa fonction ? », interroge-t-il. Un métronome par son jeu d’élévation, à la manière de l’illumination de la tour Eiffel ? Un objet qui pourrait transporter des personnes au-dessus du jardin ? Les idées sont là, reste à les creuser.
En tout cas, le designer y verrait un bel hommage à ceux qui ont permis aux hommes de quitter le sol pour la première fois en 1783 : « Tous les visiteurs ne connaissent pas cette histoire. Moi-même avant de me lancer dans ce projet, je ne la connaissais pas. C’est une fierté française qui pourrait se matérialiser ici. » Le message est lancé, aux intéressés d’entretenir la flamme née des torches de Teddy Riner et Marie-José Pérec.
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