En matière de laïcité, les proviseurs se disent soutenus par le ministère

Laïcité : « On est sortis du ''pas de vague'' »… Les proviseurs se disent soutenus par le ministère

Soutien« L’Etat accompagne réellement les collègues. Nous ne percevons pas une faille et une défaillance particulière », a déclaré Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du premier syndicat des chefs d’établissements
Aude Lorriaux

A.L.

L'essentiel

  • Depuis que l’affaire du départ du proviseur de l’établissement Maurice-Ravel a été médiatisée, certains commentateurs ont devisé sur la responsabilité du ministère. Marion Maréchal Le Pen a par exemple parlé de « défaite de l’Etat ».
  • Des accusations balayées par le syndicat des chefs d’établissements, qui dénonce pour ces dernières des « postures politiques ».
  • « L’Etat accompagne réellement les collègues. Nous ne percevons pas une faille et une défaillance particulière » du ministère de l’Education nationale, a déclaré Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat lors d’une conférence de presse.

C’est tout ce qu’un emballement médiatique cache et déforme. Alors que les réactions s’enchaînent depuis l’annonce du départ anticipé du proviseur du lycée Ravel, menacé de mort après une altercation avec une élève pour qu’elle enlève son voile, le premier syndicat des chefs d’établissements a tenu à mettre les points sur les i. Tandis que certains et certaines pointent la responsabilité du ministère, le SNPDEN-Unsa affirme pour sa part que ses membres, dont fait partie le proviseur menacé, se sentent soutenus par les autorités.

« On est depuis Samuel Paty sur un accompagnement réel. On est sortis du ‘‘pas de vague’’. L’Etat accompagne réellement les collègues. Nous ne percevons pas une faille et une défaillance particulière », a déclaré Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat.

« Postures politiques »

Depuis que l’affaire a été médiatisée, certains commentateurs ont en effet devisé sur la responsabilité du ministère. La sœur de Samuel Paty, professeur d’histoire assassiné en 2020, a pointé « un comportement attentiste » de la part des pouvoirs publics tout en notant une « amélioration visible ». Un grand quotidien a titré « Quand l’école recule », alors que la candidate de Reconquête aux élections européennes, Marion Maréchal Le Pen, a parlé de « défaite de l’Etat ».

Des accusations balayées par le syndicat, qui dénonce pour ces dernières des « postures politiques » : « Ce n’est pas ce que nous percevons, il suffit de leur poser la question. Les collègues que nous accompagnons se sont sentis soutenus par l’institution, il faut savoir dire quand le travail est fait correctement. » En septembre, un père de famille avait menacé de « couper la tête » du proviseur de sa fille, qui voulait porter l’abaya en classe. Une cheffe d’un établissement scolaire d’Ivry-sur-Seine a également subi de telles menaces pour avoir demandé à une élève d’enlever son voile et son abaya.

Concernant la plainte en dénonciation calomnieuse annoncée par le Premier ministre Gabriel Attal contre l’élève qui avait accusé le proviseur de son lycée parisien de l’avoir violentée après son refus d’enlever son voile, le secrétaire général des chefs d’établissement s’est montré satisfait. « Il faut saluer cela, on le prend comme quelque chose de positif », affirme Bruno Bobkiewicz.

Les réseaux sociaux pointés du doigt

« On s’est constitués partie civile pour la totalité des situations, c’est la profession qui est attaquée », complète le SNPDEN-Unsa qui, s’il ressent du soutien de l’Etat, a tout de même des revendications. Notamment en amont, sur la formation des enseignants et enseignantes sur les questions de laïcité, qu’il estime insuffisante. « La ministre a annoncé qu’un enseignant sur deux était formé à ces questions, or nous savons que ce n’est pas le cas », a jugé lors de cette conférence de presse Carole Zerbib, proviseure au lycée Vauquelin à Paris et membre de l’exécutif du syndicat.

Le gros point noir concerne aussi les réseaux sociaux, pointés par les chefs d’établissement. Sur le retrait des tweets délictueux, « il faut continuer à gagner en efficacité », estiment-ils. Et il faut aussi « travailler avec les jeunes sur ce qu’on fait et ce qu’on ne fait pas », ajoutent-ils.

« Cela dépasse la question de l’école. Il y a des gens de 40-50 ans qui portent ces menaces. Quand on mène une politique de dialogue dans un établissement, cela n’empêche pas malheureusement de tweeter à l’autre bout de la France », regrette Nicolas Bray, secrétaire académique du syndicat. « Nous sommes debout pour dire ''on ne reculera pas'', il n’est pas question face aux attaques de reculer », a lancé Bruno Bobkiewicz, combatif.

« Il est entouré »

Le SNPDEN-Unsa affirme, au sujet du proviseur menacé qui part à la retraite, qu’il n’a « pas démissionné ». « Il a été protégé, de façon concertée », précise le syndicat. L’organisation a aussi ajouté qu’il était bien parti pour des raisons de « sécurité », tenant ainsi à rectifier une « erreur » selon lui du ministère, puisque le rectorat de Paris avait d’abord affirmé à l’AFP que ce responsable serait parti pour « convenances personnelles ».

« Le travail a été fait mais cette phrase est décalée. Tout le monde sait pourquoi le collègue est sorti de l’établissement. C’est une erreur », estime Bruno Bobkiewicz. Jeudi, l’avocat du proviseur avait déjà rectifié une première fois, affirmant qu’il était « évidemment parti pour des raisons de sécurité ». Nicolas Bray s’est enfin voulu rassurant quant à l’état de santé du proviseur en question. « Il est entouré, mais c’est quelque chose qui ébranle, il faut du temps. »