Seine-Saint-Denis : Une association d’aide aux femmes victimes de violences lance une campagne de financement
SOLIDARITÉ•Le lieu d’accueil et d’orientation LAO Pow’her, qui vient en aide aux jeunes femmes de Paris et de Seine-Saint-Denis, cherche des financements pour pérenniser son activité
Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Le lieu d’accueil LAO Pow’her lance une campagne d’appels aux dons pour poursuivre son activité d’aide aux jeunes femmes parisiennes et dionysiennes victimes de violences.
- Lancée comme expérimentation en 2019, l’organisation a prouvé son utilité. Elle voudrait asseoir son activité et la développer dans d’autres départements.
- Avec les Jeux olympiques de Paris, trouver des places d’hébergement d’urgence est de plus en plus difficile, les hôtels effectuant des travaux pour accueillir le tourisme des JO.
C’est un véritable appel à l’aide. Depuis le 8 mars, le lieu d’accueil et d’orientation LAO Pow’her a lancé une campagne d’appel aux dons pour tenter de boucler son budget. Objectif, atteindre les 55.000 euros avant le 8 avril.
Situé à Bagnolet (93), ce centre d’accueil est entièrement dédié aux femmes de Paris et de Seine-Saint-Denis, âgées de 15 à 25 ans et victimes de violences. Partie de l’association « FIT – Une femme, Un toit », il a ouvert ses portes pour une expérimentation en 2019, mais se retrouve aujourd’hui en difficultés financières.
530 femmes accompagnées depuis 2019
Créée dans les années 1960, l’association « FIT-Une femme, Un toit » s’occupait principalement de l’hébergement de jeunes travailleuses. « Différentes études ont montré que les jeunes femmes, pourtant davantage touchées par les violences, étaient celles qui se dirigeaient le moins vers les structures d’accueil », explique à 20 Minutes Mathieu Scott, chargé de développement du LAO Pow’her.
C’est par une volonté politique du département de la Seine-Saint-Denis et de son Observatoire des violences envers les femmes qu’est sorti de terre ce lieu d’accueil de jour. « L’expérimentation s’est “malheureusement” révélée fructueuse : nous avons, depuis 2019, accompagné 530 jeunes », ajoute Mathieu Scott, qui cite les ateliers de déconstruction des violences, de l’emprise et les interventions extérieurs qui permettent aux jeunes femmes de pratiquer des activités comme le MMA ou encore la danse.
Pérenniser la structure
Désormais, la structure dispose d’un personnel de professionnels (psychologue, éducatrices spécialisées, juriste, conseillère familiale et conjugale…) formés aux violences de tous types. Et les différentes formes à gérer ne manquent pas : Violences conjugales, intrafamiliales, viols, lesbophobie, mariages forcés, mutilations…
« Après la phase d’essai, nous passons à la phase de pérennisation, explique Amandine Maraval, directrice du LAO. Et c’est là que nous arrivons à un souci financier. » Jusqu’alors, la structure agissait en fonction des financements publics qu’elle reçoit. Mais pour poursuivre son action, elle doit désormais élargir ses possibilités.
La trésorerie au plus bas
Si le LAO Pow’her reçoit bien le soutien de plusieurs institutions publiques parmi lesquelles l’Europe, l’Etat, le département de Seine-Saint-Denis et plusieurs villes, ces subventions arrivent souvent après la fin de l’exercice comptable, ce qui oblige la structure à avancer des centaines de milliers d’euros sur sa trésorerie. Et cette dernière commence à s’épuiser. « Tous les élus sont d’accord pour dire que notre structure est indispensable, assure Amandine Maraval, mais la plupart nous disent qu’ils donnent déjà et nous demandent de nous tourner vers les autres. »
Au total, LAO Pow’her a besoin de 700.000 euros. Et pour les trouver, ses membres sont sur tous les fronts, des appels à projets aux fondations privées. Mais elle veut aussi faire appel au plus grand nombre à travers cette cagnotte. « 55.000 euros, c’est le salaire d’une éducatrice spécialisée. C’est important et aussi symbolique parce que nous aimerions créer une communauté autour de la structure, précise Amandine Maraval, une communauté de personnes qui pourraient, individuellement, la soutenir financièrement. »
Des soutiens et bientôt une communauté ?
Remplir la trésorerie par cette cagnotte permettrait à la structure de professionnaliser davantage son activité mais aussi de la rendre plus visible. Aujourd’hui, plus d’une jeune femme sur trois qui y fait appel a connu la structure via le bouche-à-oreille.
LAO Pow’her peut déjà compter sur le soutien de personnalités comme Julie Gayet, Andréa Bescond ou encore Bruno Sanches. Mais elle espère beaucoup de cette cagnotte qui pourrait aussi être le début d’une aventure un peu plus grande pour Amandine Maraval, qui émet le souhait de voir d’autres structures du même type ouvrir dans les départements voisins : « C’est difficile de devoir refuser une jeune femme parce qu’elle vient du 94. »
Les JO compliquent la chose
Les difficultés actuelles sont amplifiées par le défi de trouver des places d’hébergement d’urgence pour les femmes qui doivent être mises à l’abri. Avec les Jeux olympiques, l’hôtel qui accueillait 49 places pour LAO Pow’her n’a pas renouvelé son conventionnement, fin de se « mettre à niveau » pour les JO de Paris 2024.
« Il nous reste 12 places dans une structure propre, se désole Amandine Maraval. Mais c’est de plus en plus difficile de trouver de nouvelles places. »