SUV à Paris : Scooter, colis, ménagerie… Qui seront les prochaines « victimes » des votations citoyennes ?
Démocratie•Avec deux succès en deux votations, on imagine mal Anne Hidalgo s’arrêter en si bon chemin
Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- La Mairie de Paris a le vent en poupe après avoir parié deux fois sur les votations citoyennes qui ont tourné en faveur de sa politique. Interdiction des trottinettes en libre-service, triplement du tarif de stationnement pour les SUV… On voit mal la majorité municipale s’arrêter en si bon chemin.
- Et comme on dit jamais deux sans trois, 20 Minutes a essayé de deviner quelle sera la prochaine question posée aux Parisiens. De manière tout à fait subjective, voici quelques potentiels candidats.
- De la taxation des colis, à la sécession forcée du 7e arrondissement de Rachida Dati, la future victime pourrait se trouver parmi ces propositions.
Reçu 2 sur 2. Avec son succès écrasant face aux trottinettes en libre-service, et celui, un peu plus juste, face aux SUV, la mairie de Paris fait un 100 % dans ses votations citoyennes proposées aux Parisiennes et Parisiens, malgré une participation minimale.(respectivement 7,4% et 5,6% des inscrits). Sans parler d’euphorie, on imagine difficilement la majorité municipale s’arrêter sur ces deux seules victoires.
Vivement critiqués par l’opposition et les #SaccageParis, notamment pour le coût de près de 400.000 euros par consultation, Anne Hidalgo et ses troupes peuvent y voir une nouvelle manière de légitimer leur politique. Aussi, à 20 Minutes, nous nous sommes posé la question des prochaines cibles qui pourraient être appelées à s’agenouiller sur le billot dans les mois ou années à venir. Voici une liste tout à fait non exhaustive.
Pour ou contre une taxation des colis à Paris ?
Il y a un peu plus d’un an, le sujet aurait, sans aucun problème, eu la faveur des bookmakers. Sur la table depuis plusieurs années, on a cru que c’était la bonne en janvier 2023. David Belliard, adjoint de la mairie de Paris, l’avait remis sur la table dans nos colonnes pour taxer le million de colis qui transite tous les jours dans la région dans le but de financer les transports franciliens. L’idée était soutenue par Anne Hidalgo, soucieuse de soutenir les commerces de proximité. Retoquée dans le plan de financement régional et « complexe à mettre œuvre » à la seule échelle de Paris selon une source à la mairie, elle pourrait refaire surface dans l’idée, par exemple, de financer le programme « Paris commerces » qui cherche à diversifier les vitrines des pieds d’immeuble de la capitale.
Et qui sait ? Grisée par le succès, la mairie pourrait lancer une grande offensive contre la « start-up nation » en s’attaquant, à coups de taxes, aux livraisons type Uber Eats et aux VTC pour libérer un peu d’espace sur les trottoirs et dans les rues de la capitale, tout en regagnant des points chez les chauffeurs de taxi, leaders d’opinion et pas vraiment fans des dernières retouches faites dans la capitale, avant une année 2026 importante.
Doit-on interdire la circulation des deux-roues thermiques dans Paris ?
Et s’il était là le vrai favori ? Bien cachés derrière les gros SUV de la capitale, les motos et autres scooters sont déjà sur la sellette. Ce mardi, le conseiller de Paris « Indépendants et Progressistes » Pierre-Yves Bournazel, proposait d’interdire la circulation des deux-roues motorisés thermiques entre 22 heures et 7 heures du matin dans la capitale pendant un an. Pour tester. Mieux, l’élu du 18e arrondissement demande la généralisation des radars sonores dans la capitale. Radars déjà testés par l’exécutif depuis 2022. Que demander de mieux qu’un élu de l’opposition qui propose une mesure dans le sens de votre politique ?
On imagine déjà Anne Hidalgo se chauffer et proposer l’interdiction pure et simple des deux-roues thermiques dans toute la capitale. Qui n’a jamais eu envie de jeter un élément de son mobilier par la fenêtre au passage d’une moto ou d’un scooter dans sa rue ?
Selon une étude de Bruitparif, un 2RM peut réveiller plus de 10.000 Parisiens la nuit. De quoi espérer raisonnablement un score nord-coréen en cas de mise au vote.
Faut-il fermer la ménagerie du Jardin des plantes ?
C’est un outsider, mais il gagne en crédibilité d’année en année avec l’évolution des mentalités. Et Anne Hidalgo, qui a déclaré à plusieurs reprises son engagement pour la cause animale, devra se pencher dessus à un moment. Fondée en 1794, la ménagerie du Jardin des plantes, un des plus vieux zoos du monde, est dans le collimateur de l’association PAZ (Paris animaux zoopolis) qui a lancé une pétition en 2019 paraphée par plus de 60.000 signataires pour fermer la ménagerie, où les animaux vivent « dans des conditions de captivité déplorables en raison de la vétusté et de l’exiguïté des installations ». L’association souhaiterait aménager dans les cages classées monument historique un « véritable lieu éducatif et scientifique, sans animaux ».
Une votation épineuse pour la mairie qui n’est pas propriétaire de la ménagerie (laquelle appartient au Muséum national d’histoire naturelle) mais qui l’abrite en ses murs. Et si le lieu est très apprécié des Parisiens et des touristes, la maire de Paris, après avoir fait interdire les animaux sauvages dans les cirques de la capitale en 2022 et les balades à poneys pour 2025, devra sans doute se positionner un jour. L’avis de ses administrés pourrait lui enlever une épine du pied.
Une gêne sans doute négligeable à côté de celle que représente désormais Rachida Dati. Némésis d'Anne Hidalgo, « Dati Danielle » est désormais ministre de la Culture et alliée aux macronistes. Et si la prochaine votation décidait de la sécession forcée du 7e arrondissement ?