Société« On n’a plus le choix », explique Kévin agriculteur de l’Essonne sur l'A6

Manifestations des agriculteurs : S’ils sont là, c’est qu’ils n’ont plus le choix

SociétéDes agriculteurs venus de l’Essonne, de Seine-et-Marne ou même du Loiret ont ralenti l'A6 ce vendredi. Parmi eux, Kévin raconte son obligation à être là
Manifestation des agriculteurs : « On n'est pas des vaches à lait »
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

Il est arrivé sur les coups de 14h30 sur le lieu de blocage avec le cortège d’une vingtaine de tracteurs pour « mettre un coup de pression » comme l’explique un des organisateurs. Kevin Brouillard est à la tête d’une exploitation céréalière près d’Etampes dans l’Essonne.

Son gilet jaune le rend bien visible. Comme s’il en avait besoin. À l’image du slogan qui orne son dos « boire du lait c’est bon, ne pas le payer c’est con », l’agriculteur a le verbe haut et le ton direct. Face au député France insoumise de l’Essonne, Antoine Léaument, il ne se démonte pas et lui expose, les yeux dans les yeux, les problèmes qu’il rencontre dans la gestion de son exploitation : « On passe la moitié de notre temps à faire de l’administratif pour au final avoir plus de contrôles et payer plus de charges », explique-t-il dans une colère contrôlée. Toujours vindicatif, il raconte combien il doit payer pour verser un revenu net de 1.700 euros à son ouvrier quand lui ne peut se payer que 1.200 euros par mois.

Ecrasé sous le poids de la paperasse

Coupé par un collègue agriculteur qui l’appelle, Kévin court vers l’arrière du cortège pour répondre à quelques questions d’un policier sur l’organisation. Toujours très direct, il n’hésite pas à plaisanter avec le fonctionnaire jusqu’à lui proposer une bière.

Les tracteurs servent aussi à faire passer des messages.
Les tracteurs servent aussi à faire passer des messages.  - R.Le Dourneuf / 20 Minutes

Mais face à nos questions, il retrouve instantanément son sérieux et sa verve. Même lorsqu’il évoque le poids de la paperasse depuis qu’il a repris l’exploitation familiale après le décès de son père il y a un an.

Prêt à monter à Paris

À savoir s’il était prêt à monter à Paris, la réponse est clairement oui : « je ne sais pas ce qui va être décidé ce soir. Si on reste dormir ou pas, si on monte à Paris demain. Je ne sais pas. Mais s’il faut y aller lundi, mardi, mercredi et encore plus, on ira » lâche-t-il déterminé. Avant de retourner boire une bière avec ses copains sous le barnum qui vient d’être installé au milieu de l’autoroute.

S’il lance une phrase de temps en temps qui fait rire l’assistance, il assure ne pas être là pour cela : « Rendez-vous bien compte qu’il n’y a pas un agriculteur qui prend plaisir à être là. C’est juste qu’on n’a plus le choix. »