Pollution de l’air dans le métro à Paris, « ce qui me fait le plus peur, c’est que c’est invisible »
Reportage•Trois stations du métro parisien affichent une concentration de particules fines PM10 dépassant le seuil maximum recommandé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Les usagers de ces stations se sentent-ils en danger ?Célia Mamoghli
L'essentiel
- Lundi, Ile-de-France Mobilités et Airparif ont révélé que trois stations du métro parisien affichent une concentration de particules fines PM10 dépassant le seuil maximum recommandé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire.
- Les stations concernées sont Oberkampf, Belleville et Jaurès. 20 Minutes s’est rendu dans celles-ci à la rencontre des usagers et usagères des transports en commun.
- Certains continuent de porter des masques pour se protéger des microbes ambiants et ne comptent pas le retirer après cette étude. D’autres estiment leur temps d’exposition très faible. D’ailleurs la RATP indique que « les travaux communiqués par Airparif et IDFM ne reflètent pas l’exposition des voyageurs ni des salariés ».
La pollution dans les transports en commun, ce n’est pas nouveau. Mais une nouvelle étude, parue ce lundi, menée par Ile-de-France Mobilités avec d’Airparif, relance le débat à Paris. Celle-ci révèle les trois stations du métro parisien les plus polluées. Les stations Oberkampf (11e), Jaurès (19e) et Belleville (20e) affichent une concentration de particules fines PM10 dépassant le seuil maximum recommandé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire. 20 Minutes est allé demander aux usagers et usagères de ces stations si ça les inquiète.
Cette nouvelle n’alerte pas Gilles, 55 ans et Parisien depuis cinquante ans. « Cette ville a toujours été très polluée, car très fréquentée, même si je m’arrête tous les jours à la station Oberkampf, je ne compte pas me protéger plus que ça », annonce-t-il. Sébastien, 30 ans, a pris connaissance de cette étude ce matin en lisant la presse. « Je ne savais même pas que certaines stations étaient plus polluées que d’autres… Ça m’a fait tilt, mais je ne vais pas porter un masque pour autant. » Un peu plus loin nous croisons Tarik. « Je passe à Oberkampf tous les jours pour me rendre à mon travail, mais c’est peut-être dix minutes dans ma journée alors je ne ressens pas forcément le besoin de me protéger », confie le jeune homme.
Des jeunes et des moins masquées
A l’entrée de la station Belleville, située au croisement des 10e, 11e, 19e et 20e arrondissements, certains usagers semblent un peu plus inquiets par cette nouvelle étude. « Je suis diabétique donc fragile, je préfère me protéger de certaines maladies que pourrait causer la pollution de l’air », raconte Yasmine, 62 ans, qui a préféré garder son masque chirurgical pendant notre échange. De même pour Houdé, 42 ans, qui porte, elle aussi, son masque sur le nez. « J’en porte un tous les jours depuis le Covid, je continuerai juste à le faire. »
Quant à Nour, 22 ans, elle mesure désormais l’urgence. « Je sais maintenant que l’air n’est pas sain. Ce qui me fait le plus peur, c’est que c’est invisible… On se dit qu’on est jeune, qu’on ne sera pas touché, alors qu’on sait que la mauvaise qualité de l’air peut causer des formes graves de cancers », s’inquiète la jeune femme. « Si je retourne dans une de ces stations, je mettrai un masque » assure-t-elle.
« Les particules ne sont pas les mêmes dans les rames et sur les quais »
IDFM et Airparif ont d’ores et déjà demandé à la RATP et à la SNCF de prendre des mesures a minima pendant une semaine complète sept jours sur sept, 24 heures/24, notamment pour quantifier au mieux leur étude. Sur la période 2015-2022, des mesures similaires en continu avaient déjà été prises dans certaines stations.
Notre dossier sur la pollutionLa RATP estime que « Les travaux communiqués par Airparif et IDFM ne reflètent pas l’exposition des voyageurs ni des salariés », avance Sophie Mazoué, responsable développement durable pour le groupe RATP. D’après elle, aucun usager ou salarié ne reste une heure sur un quai, et il convient de disposer des données dans les rames également. Ce sera le cas en juin puisque IDFM a promis d’établir une cartographie précise des 397 stations du métro et du RER ainsi que des lignes. « Les particules ne sont pas les mêmes dans les rames et sur les quais. En général, c’est un peu plus faible dans les rames car l’air est ventilé. On aura la vérification au mois de juin », a indiqué Laurent Probst.
À lire aussi