Violences sexistes et sexuelles : La RATP inaugure son premier « safe space »
Transports•La RATP forme les commerçants à la gestion des violences sexistes et sexuelles et au harcèlement
R.L.D.
Neuf femmes sur dix affirment avoir été victimes de « harcèlement sexiste ou sexuel » dans les transports, selon le ministère de la Transition écologique. Une réalité vécue, aussi, par les Franciliennes. C’est pour lutter contre cette situation qu’Île-de-France Mobilités, le syndicat organisateur des transports en commun de la région, et la RATP, ont inauguré ce mercredi la première « Safe place » du réseau de transport francilien. Un lieu sûr, en forme de refuge pour les victimes.
Ce n’est qu’un début, mais parce qu’il faut bien commencer quelque part, les deux organisations ont lancé l’opération au cœur de la station de RER Auber, dans un magasin Relay dont les employés ont été formés par Umay, une start-up qui promet de sécuriser les déplacements dans l’espace public.
Une formation pour les employés
Toute personne se sentant menacée est censée pouvoir trouver refuge dans ce « safe place ». « Nos formations aux employés visent à leur apprendre la règle des trois R : recueillir, rassurer et renseigner », a expliqué lors de l’inauguration Pauline Vanderquand, cofondatrice de la petite entreprise, qui a déjà des partenariats avec des collectivités, comme la ville de Rouen, depuis 2022. « Il est important pour les victimes de savoir que la personne en face de soi nous croit, ne juge pas et est formée pour nous mettre à l'abri. »
En parallèle, Umay propose une application mobile gratuite, déjà téléchargée plus de 55.000 fois et qui permet de sécuriser les déplacements et lutter contre le harcèlement de rue en signalant son trajet à ses proches, en géolocalisant les « safe places » et en signalant une agression, un harcèlement ou un comportement déplacé, qui est ensuite remonté à l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles.
D’autres points d’accueil seront déployés dans les semaines et les mois qui viennent dans le réseau de transports francilien. « Nous avons proposé à tous les commerçants présents dans nos zones d’échanges de devenir des lieux sûrs pour les victimes », indique Sandrine Charnoz, cheffe de projet de lutte contre le harcèlement sexuel dans les transports à la RATP.
35 points de vente et 80 employés
Cette proposition a rencontré un écho favorable au sein du groupe Lagardère, qui gère plusieurs points de vente Relay et Monop' dans les stations de métro parisiennes, via sa filière Lagardère Travel Retail. Benoît Verdier, directeur général délégué de l’entreprise, a d’ailleurs annoncé lors de l’inauguration que l’intégralité de ses points de vente présents sur le réseau RATP serait labellisée « safe place » d’ici à 2024. « Cela concerne 35 points de vente et 80 employés », dont la formation sera confiée là encore à Umay, précise le responsable.
« 40 % des femmes ne se sentent pas en sécurité sur nos réseaux, c’est inacceptable », a déploré Jimmy Brun, porte-parole de la RATP, citant une enquête qui devrait être présentée début 2024.
Le porte-parole rappelle également que les 5.500 agents de station et 1.000 agents de sécurité sont formés depuis 2021 pour accueillir les victimes et les orienter. Pour ces dernières, il suffit d'interpeller ou de contacter ces agents via les bornes d'appel des stations. Une formation que reçoivent également les 16.000 agents des réseaux de surface (tram et bus).
Une démarche qui se place dans la ligne de la généralisation des arrêts à la demande dans toutes les lignes de bus à partir de 22 heures depuis la rentrée 2023 .