RésilienceA vos claviers, Paris a besoin de vos idées pour anticiper les crises

A vos claviers, Paris a besoin de vos idées pour anticiper les crises

RésilienceLa Ville de Paris invite les parisiens et Parisiennes à partager leurs idées pour renforcer le lien social, mieux informer les populations des risques ou encore mieux lutter contre l’éco-anxiété
Aude Lorriaux

A.L. avec AFP

On l’a tous et toutes expérimenté pendant la crise sanitaire du Covid : mieux vaut être préparé à vivre une crise, quelle qu’elle soit, et anticiper tous les scénarios possibles. Au traditionnel « Mieux vaut prévenir que guérir » s’ajoute en politique la maxime « Gouverner, c’est prévoir ». A Paris, c’est le rôle de l’adjointe Pénélope Komitès, qui travaille à la refonte de la stratégie pour la résilience de la ville, mais pas toute seule : pour cela, elle a souhaité associer des Parisiens et Parisiennes au travers de grandes réunions publiques et d’une consultation en ligne, ouverte à partir de ce lundi 27 novembre sur decider.paris.fr, et que 20 Minutes vous dévoile.

Jusqu’au 21 décembre, les habitants et habitantes sont amenés à réfléchir autour de cinq thématiques, toutes centrées sur cette notion de résilience, à savoir, selon la définition retenue par Pénélope Komitès, « la capacité des personnes, communautés, institutions au sein d’un territoire, à anticiper, à s’adapter, à faire preuve de solidarité et à faire face aux crises ». « C’est important de ne pas rester les bras croisés pour éviter d’avoir à gérer dans l’urgence », complète Pénélope Komitès, qui a organisé en octobre un exercice géant de simulation grandeur nature d’une canicule extrême.

Savez-vous ce que doit contenir un kit de secours ?

La première question s’articule autour des « solidarités de proximité au sein des quartiers ». Comment les renforcer ? demande la mairie. On sait d’expérience que le lien social aide dans la résolution des crises, mais à Paris comme ailleurs, il y a quelques trous dans la raquette. « Au moment de la crise du Covid on s’est aperçus qu’en dépit des fichiers [Reflex] prévus pour la canicule [fichiers permettant aux personnes souhaitant être contactées en cas de fortes chaleurs] un certain nombre de personnes n’étaient pas référencées. C’est important parce que cela permet de ne laisser aucun individu au bord de la route, et aussi cela permet de mieux vivre au quotidien dans son quartier », explique Pénélope Komitès.

Autre problématique, celle de l’information donnée aux populations. Tiens, savez-vous par exemple ce que doit contenir un kit de secours ? En avez-vous prévu un ? Et savez-vous quel est le minimum vital à avoir chez soi pour faire face à une coupure de courant qui durerait trois jours ? « Une population qui connaît les risques auquel son territoire est exposé, sait où s’informer en cas de crise et est préparée à réagir sera plus à même de surmonter tout type de crise », postule la mairie, qui invite les volontaires à réfléchir aux moyens de mieux « diffuser une culture du risque auprès des Parisien. ne.s ». Une urgence, selon nombre de commentateurs et commentatrices.

Paris a trois jours d’autonomie alimentaire

« Comment renforcer la résilience du tissu économique parisien ? » : cet axe de réflexion s’adresse davantage aux commerçants et commerçantes, dont on a vu qu’ils étaient de véritables piliers pendant la crise du Covid. A la fois en matière de lien social, mais aussi parce qu’ils sont les relais de besoins vitaux. Renforcer leur résilience, selon Pénélope Komitès, c’est par exemple leur ouvrir une formation sur les cyberattaques, ou imaginer les endroits où pourraient être mutualisés des groupes électrogènes en cas de coupure de courant généralisée. Et c’est aussi les solliciter pour qu’ils participent à la résilience générale, par exemple en ouvrant leur porte en cas de canicule, ou en distribuant des bouteilles d’eau sur le chemin en cas de pic à 50 degrés.

Un des derniers axes concerne la sécurité alimentaire. Vous ne le saviez peut-être pas, mais l’autonomie alimentaire du territoire parisien est estimée à trois jours environ, pas plus. Le jour où les marchandises ne rentrent plus, comment fait-on ? Où sont les plus grands entrepôts de nourriture et comment y accéder, si les routes et fleuves étaient coupés ?

Mieux s’informer, mais sans devenir éco-anxieux

« Non il n’y a pas de menace actuelle », tient à rassurer Pénélope Komitès. Car ces réflexions pourraient avoir de quoi rendre certains d’entre nous éco-anxieux. Justement, à cela aussi vous êtes invités à réfléchir, même si aujourd’hui, on ne sait pas très bien dire combien de Parisiens et parisiennes sont sujets au phénomène et quelle ampleur il a. L’adjointe à la résilience n’est heureusement pas touchée par cette pathologie qui peut empêcher parfois certaines personnes de travailler – « Non ! A mon âge ! » dit-elle en riant. Mais Pénélope Komitès reconnaît être plus soucieuse depuis qu’elle est grand-mère.

L’exemple le plus connu d’éco-anxiété est sans doute celui de Greta Thunberg, laquelle avait traversé à 11 ans une période de dépression qui avait « beaucoup à voir avec la situation de l’environnement ». Pour la combattre, elle est devenue l’égérie d’une jeunesse qui voudrait voir le monde changer avant qu’il ne soit trop tard.