Paris : Des élus et des associations veulent interdire la pêche de loisir
Mobilisation•La consommation de poissons pêchée dans la capitale est déjà interdite, pour des raisons sanitaires
A.L.
«Asphyxiés », « piégés », « écorchés »… Une dizaine de militants et militantes ont brandi en début d'après-midi mardi devant l’hôtel de Ville des pancartes avec des grandes photos de poissons pêchés à Paris, en souffrance ou tout simplement morts. L’association Paz, Paris Animaux Zoopolis, venue faire son happening , était venue soutenir le vœu déposé par le groupe Les Ecologistes en Conseil de Paris, qui demande l’interdiction de la pêche de loisir, ainsi que des amendements du Groupe Indépendants et Progressistes, allant dans le même sens.
« Les études scientifiques révèlent que les poissons, dans leur grande diversité, possèdent des capacités cognitives diverses, ressentent la souffrance, ont une vie affective et témoignent d’échanges culturels » argue le vœu du groupe, qui demande à la ville de demander au préfet « d’interdire la pêche à Paris ».
La Suisse, l’Allemagne et la Colombie ont interdit la pêche de loisir
Une majorité de Parisiens (63 %) y serait également favorable, selon un sondage de Paz effectué en 2020 par l’Ifop pour l’association. Il faut savoir que la consommation de poissons pêchée dans la capitale est déjà interdite, pour des raisons sanitaires. Alors pourquoi ne pas pousser la logique jusqu’au bout, demande Paz ? Au moins pour les lacs des bois de Vincennes, de Boulogne et le canal de l'Ourcq, gérés par la mairie.
« À Paris, il est interdit de manger les poissons de la Seine et autres canaux pourtant il est autorisé de les pêcher. C’est un non-sens ! Tant qu’elle autorisera à blesser ou tuer les poissons juste pour s’amuser, la Ville de Paris ne sera pas exemplaire en matière de condition animale. La Suisse, l’Allemagne et tout récemment la Colombie ont interdit la pêche de loisir (s’il n’y a pas de consommation), il est temps que Paris fasse de même. » estime Amandine Sanvisens, cofondatrice de PAZ.
Préconisations sur la pêche au vif
Ce vœu a cependant été rejeté mardi soir. « Ces associations de pêche ont la responsabilité des actions de protection et de restauration des milieux piscicoles, ces actions sont essentielles (...) et participent de la biodiversité des plans d’eau », s'est justifié Christophe Najdovski, adjoint de la mairie à la végétalisation.
L’exécutif a renouvelé les conventions autorisant la pêche de loisir sur l’Ourcq, qui ont pris fin le 31 décembre 2021, en rappelant simplement les préconisations de la mairie « de ne pas utiliser les hameçons avec ardillons et de ne pas pratiquer la pêche au vif sur son domaine », conformément à un vœu voté en février 2021, mais rejeté par la préfecture de police. « C'est à l'échelle nationale que cela se joue », a rappelé Christophe Najdovski.
La pêche au vif consiste à transpercer un petit poisson vivant avec un hameçon, pour qu’il serve d’appât pour en attraper un plus gros. Les poissons qui n’ont pas été mangés tout de suite servent d’appât pour de nouvelles pêches, jusqu’à ce qu’ils meurent, les souffrances pouvant donc durer plusieurs heures. Mais selon Amandine Sanvisens, cette préconisation n'est que peu respectée. « Nous souhaiterions que la police municipale puisse délivrer des amendes », explique-t-elle à 20 Minutes. « La pêche au vif reste autorisée par l'Etat, et donc les agents de la police municipale ne peuvent pas dresser de procès verbal », a expliqué mardi soir Christophe Najdovski.
Contactée par 20 Minutes, la Mairie de Paris n’a pas souhaité s’exprimer. Un précédent vœu demandant l’interdiction de la pêche de loisir avait déjà été rejeté en 2018.