MUSIQUEQuelles sont les chansons les plus détestées du métro parisien ?

Quelles sont les chansons les plus détestées du métro parisien ?

MUSIQUEPeut-être est-il temps de revoir les répertoires…
Romarik Le Dourneuf

R.L.D.

L'essentiel

  • Le mardi 26 septembre, la RATP organisait un nouveau casting des « Musiciens du métro », pour délivrer une autorisation aux meilleurs talents de jouer dans les couloirs du réseau souterrain.
  • L’occasion pour 20 Minutes de s’intéresser aux chansons les plus détestées par les usagers du métro, le plus souvent interprétées à la volée par des artistes « non accrédités » dans les rames du métro.
  • Les témoignages sont formels : la récurrence et les différentes interprétations ont ruiné l’écoute de grands classiques de la musique.

Cette semaine, la RATP organisait un nouveau casting des « Musiciens du métro » destiné à dénicher les talents qui auront l’honneur de se produire dans les couloirs du réseau francilien. Car oui, ces artistes sont accrédités par la régie des transports et leur activité est encadrée. Parmi les obligations, celle de respecter les emplacements réservés à cet endroit est particulièrement scrutée.

Pourtant de nombreux artistes se produisent aussi dans les rames. Sans autorisation, ces ambianceurs à l’improviste que les usagers connaissent bien s’invitent le plus souvent sur les lignes les plus « touristiques ». Et s’ils donnent un côté « so French » aux trajets des touristes, le plus souvent, ils ne récoltent pour chœur que les souffles d’exaspération des voyageurs. Taquin, 20 Minutes est allé à la rencontre des passagers pour établir une liste des chansons qu’ils n’en peuvent plus d’écouter. Un coup de pouce aux artistes pour les aider à se renouveler.

Besame Mucho

« Je n’en peux plus de cette chanson. » Habituée de la ligne 6, Annette ne peut cacher une moue de dégoût en évoquant ce boléro composé dans les années 1930. S’il a été repris par des dizaines de grands artistes (Aznavour, Piaf, Mouskouri,…), il a sans doute été chanté des millions de fois dans le métro parisien. « C’était une chanson que je trouvais jolie avant, mais à force de l’entendre trop souvent et presque toujours massacrée, je ne peux plus la supporter », ajoute la trentenaire dans un sourire presque désolé.

« Le problème, c’est que cette chanson est incroyablement mièvre », ajoute Sidney qui prend cette même ligne tous les jours pour se rendre à son bureau du boulevard de Grenelle : « Ce n’est pas le lieu, ni le contexte. Quand on est serré comme des sardines en revenant d’une journée de boulot, ça fout le cafard. »

Petit tips pour les artistes : Cette chanson a peut-être été davantage citée par les usagers qu’elle n’a été jouée dans l’histoire du métro. Il est temps de tourner la page.

Padam, Padam…

De manière tout à fait arbitraire, nous avons choisi cette chanson pour représenter le répertoire de « La Môme ». Difficile de départager La Vie en rose, Non, je ne regrette rien, Hymne à l’amour ou encore Milord. « Il faut informer les chanteuses qu’il ne suffit pas de rouler les R pour avoir le talent d’Edith Piaf », s’amuse Valentine dans la ligne 2. Si la ligne se prête au répertoire de la chanteuse mythique (elle dessert Pigalle et Montmartre), les rossignols du métro usent et abusent de l’aspect symbolique destiné à attendrir les touristes.

« J’adore ces chansons, mais d’une, on les entend beaucoup trop, et de deux, il ne faut pas confondre une fête de famille avec une prestation artistique », commente, plus sévère, Matthieu sur la même ligne.

Andalouse

Sans aucun doute la chanson la plus récente de ce classement. Très souvent citée, beaucoup d’usagers confessent pourtant l’apprécier. Moins ce qu’il en est fait. D’abord, elle est très difficile à chanter : « Il y a autant de versions que de chanteurs. Et pas pour le mieux, désespère Maud, une fois sur deux, on a l’impression que le mec s’étrangle. »

Surtout, la chanson de Kendji Girac est l’une des ambassadrices des chansons « à enceinte ». « Ça devrait être purement et simplement interdit dans le métro. Il faut fouiller les gens », ironise Joseph dans une colère feinte. Les griefs de ses détracteurs ? Son utilisation douteuse et abusive. Au volume souvent poussé à l’extrême s’ajoute une difficulté à ajuster les basses et une propension à la saturation du son qui entraîne les plus zens des passagers à se taper la tête contre les vitres. « C’est trop violent pour mon cerveau ces “machins”. Parfois j’ai envie de sauter par la fenêtre rien que quand je vois quelqu’un entrer avec une enceinte et un micro dans la rame. »

Désolé Kendji, c’est ce qu’on appelle une balle perdue.

La Colegiala

On ne pouvait passer à côté de cette énigme. Écrite et composée par le péruvien Walter Leon Aguilar en 1977, cette chanson soulève deux paradoxes. Le premier, c’est qu’elle a été citée par près d’un usager sur deux interrogés par 20 Minutes alors que personne n’a été en mesure de la nommer : « Mais si, tu sais, celle qui est toujours jouée à la flûte indienne », explique Jean-Christophe à son ami. « C’était une pub pour du café je crois », ajoute-t-il désespéré. Une recherche rapide sur smartphone aidera les deux compères à déterminer La Colegiala. Pour Mathilde, c’est « la chanson des Inconnus dans les Trois frères ». Pauvre Walter Aguilar.

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Mais outre le fait que la chanson reste mal nommée malgré sa notoriété, elle est aussi et surtout la plus citée… sans peut-être avoir jamais été entendue dans le métro. Lorsque l’on cherche à savoir dans quelle ligne, par qui et à quelle heure elle a été jouée, les témoins disparaissent les uns après les autres. « C’est celle qui m’est venue à l’esprit, mais en réalité, je n’ai pas souvenir de l’avoir un jour entendue dans le métro », éclate de rire Salomon dans la ligne 13. Même son de cloche pour Julia : « C’est un énorme cliché je pense. C’est plutôt une chanson pour le bord de mer en été, en station balnéaire. »

Vous l’aurez bien compris, ce ne sont pas les chansons en elles-mêmes qui sont le plus souvent visées mais leur interprétation, le contexte et leur récurrence qui sont visés.

Reste que si certaines irritations ont pu transparaître dans les témoignages des usagers, ces artistes du métro sont le plus souvent considérés comme faisant partie du folklore d’une ville aussi touristique que Paris.