PolémiqueL’interpellation du collégien à Alfortville « conforme », selon Véran

Harcèlement scolaire à Alfortville : L’interpellation du collégien s’est faite « en conformité », selon le gouvernement

Polémique« Ça a été fait en conformité avec l’accord du parquet » et de « l’équipe éducative », a déclaré le porte-parole du gouvernement
Harcèlement scolaire à Alfortville: L’interpellation du collégien s’est faite « en conformité » selon Olivier Véran
Aude Lorriaux

A.L. avec AFP

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Après l’interpellation d’un collégien soupçonné de harcèlement en plein cours à Alfortville, la polémique enfle. Alors que l’action musclée des policiers est critiquée par les associations de parents d’élèves, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, s’est défendu mercredi : selon lui, cette interpellation s’est faite « en conformité ». Il a dit vouloir envoyer ainsi des « messages très forts » aux harceleurs.

« Ça a été fait en conformité avec l’accord du parquet » et de « l’équipe éducative », a déclaré le porte-parole du gouvernement, une information confirmée à l'AFP par une source policière. « C’est comme ça qu’on s’en sortira face au fléau du harcèlement, c’est comme ça qu’on protégera aussi nos enfants, en envoyant ces messages très forts », a-t-il insisté à l’issue du Conseil des ministres.

L’adolescent est soupçonné de harcèlement à l’encontre d’une lycéenne transgenre, notamment après avoir publié des propos particulièrement virulents: « On va t'égorger, on va te faire une Hitler, on va faire de la propagande avec ta tête. J'ai une haine envers ta race, casse-toi vas mourir, suicide-toi sale PD, travelo », a-t-il déclaré à l'encontre de la lycéenne selon le parquet de Créteil joint par 20 Minutes, confirmant des informations de BFM TV.

Le rectorat s'interroge

La veille, le rectorat de l'académie s'était interrogé sur la méthode employée par les forces de l'ordre. « Nous échangeons avec les autorités concernées pour comprendre dans quelles conditions des policiers ont pu être amenés à intervenir dans un établissement scolaire pour procéder à l'interpellation d'un élève en classe », a-t-il indiqué dans un communiqué.

« Sur le fond, combien de fois ces derniers mois avons-nous eu à pleurer, à la suite de la mort tragique d'un enfant qui s'est donné la mort parce qu'il était harcelé? « , a souligné Olivier Véran. "Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a eu des mots très forts encore suite au décès tragique du jeune Nicolas (à Poissy, ndlr). Et il a souhaité qu'il y ait un électrochoc dans l'ensemble du monde qui entoure les enfants, notamment le monde éducatif, pour que nous puissions lutter avec le plus d'efficacité, le plus de force possible contre le harcèlement », a-t-il rappelé.

L'affaire a débuté quand les parents d'une lycéenne de 15 ans ont obtenu d'être reçus lundi matin par la proviseure du lycée Maximilien-Perret d'Alfortville, où la victime est scolarisée en classe de seconde, a indiqué le rectorat. Le père de l'élève a ensuite déposé une main courante au commissariat de la ville, affirmant que sa fille avait été visée par des messages homophobes et des menaces de mort sur Instagram, a complété le parquet. Grâce à l'exploitation de captures d'écran, les policiers ont identifié l'auteur de ces messages, un élève du collège Henri-Barbusse d'Alfortville, et sont venus l'interpeller en classe.

Circonstance aggravante

Une enquête pour violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure à huit jours et menaces de mort a été ouverte mardi matin, a précisé le parquet. Le fait que ces infractions aient été commises en raison du genre ou de l'orientation sexuelle de la victime a été retenu comme circonstance aggravante, a ajouté cette source.

L'académie de Créteil a précisé à l'AFP que la victime était en transition de genre. Sa famille a indiqué au rectorat qu'elle était une jeune fille transgenre. Le collégien suspecté, qui a reconnu les faits et exprimé des regrets, a été déféré devant un magistrat du parquet mardi en fin d'après-midi. Le ministère public lui a alors notifié une mesure éducative, définie par le parquet comme « une activité au profit de la collectivité » qui devra être effectuée dans les prochaines semaines.

Sur-réaction

L'arrestation a créé la polémique au sein de la communauté éducative, certains soulignant la nécessité d'un « électrochoc » sur le harcèlement, d'autres jugeant « anormal » cette arrestation en classe. Pour le SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d'établissements, « peut-être que la police a voulu faire un exemple un peu spectaculaire », et « personne ne commet de faute, ni la principale, ni la police » car « la police a le droit d'intervenir en classe ».

Mais « il est fort probable que le climat ambiant autour des questions de harcèlement ait généré une forme de sur-réaction », a ajouté Didier Georges, membre de l'exécutif de ce syndicat. « Ce n'est pas comme ça qu'on recommande d'intervenir », a-t-il expliqué à l'AFP. « Le bon sens imposerait que ces interventions, quand bien même elles soient totalement justifiées, ne se fassent pas dans une classe ».

Ces faits se sont produits après le suicide, à la rentrée, de Nicolas, un adolescent de Poissy (Yvelines) qui s'était plaint de harcèlement. Ses parents se sont dit « outrés » du traitement de son cas par les autorités et le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a promis un « électrochoc à tous les niveaux » dans la lutte contre le harcèlement scolaire.