Pour Mylène, la recherche de logements « c’est presque un travail 24h/24 »

Paris : « Même un appart avec infiltrations, ils m'ont dit non », trouver un logement étudiant, le défi ultime

REPORTAGEPendant une journée, 20 Minutes a suivi Mylène, 23 ans, dans sa recherche d’appartement pour sa rentrée à Paris
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • En ce début septembre, de nombreux étudiants n’ont toujours pas trouvé de logement. Pour certains, les cours ont déjà repris. Pour les autres, cela ne va plus tarder.
  • Mylène, une étudiante de 23 ans qui entame sa formation en alternance la semaine prochaine, fait partie de ces jeunes en galère de logement.
  • 20 Minutes l’a accompagnée dans ses recherches, le temps d’une journée.

On est samedi, mais pas de grasse matinée pour les étudiants en galère de logement. Pour certains, les cours ont déjà repris. Pour les autres, cela ne va plus tarder. C’est le cas de Mylène, 23 ans, qui entame sa formation en alternance dans une semaine. Ce week-end de début septembre, elle enchaîne les visites d’appartements. La jeune fille cherche un logement depuis mi-juillet. Au total, elle a envoyé près d’une centaine de dossiers de candidature. Dans le meilleur des cas, elle obtient des refus. La plupart du temps, elle n’a tout simplement jamais de retour, victime, comme nombre d’étudiants, de la hausse des prix locatifs, la baisse de la part de logements disponibles à Paris, et la pénurie de logements Crous. 20 Minutes l’a accompagnée dans son « parcours du combattant », le temps d’une journée.

Pendant un mois, elle a fait ses recherches à distance. Originaire de Bretagne, elle « ne peut pas se permettre de prendre des congés pour faire des visites ». Depuis deux semaines, elle paie des nuits en auberge de jeunesse, parfois se fait héberger, puis passe ses journées à arpenter tous les arrondissements de Paris pour trouver un logement qui entre dans son budget, 700 euros par mois. « A la base, je ne comptais mettre que 600 euros par mois, mais on m’a fait comprendre que je ne trouverai rien à ce prix. »

« A ce stade, je prends ce qu’on me donne »

« Si vous le prenez, je peux vous remettre les clés dans la journée », lui assure le propriétaire à la fin de la première visite de la journée. L’appartement de 9 mètres carrés n’est pas idéal, mais « à ce stade, je prends ce qu’on me donne du moment que j’ai un toit au-dessus de la tête », se résigne la jeune fille. « Je vais pouvoir faire cuire des pâtes pendant que je suis sous la douche », ajoute-t-elle, le rire jaune. Un seul détail la retient d’envoyer son dossier locatif au propriétaire. « Il m’a donné le nom de son agence, et je ne la trouve pas sur Internet. » Une arnaque ? Dans le doute, elle préfère se rétracter.

Après une demi-heure de marche, Mylène atteint finalement l’adresse du deuxième appartement qu’elle doit visiter ce samedi. Le point de rendez-vous n’est pas compliqué à identifier, il suffit de voir l’attroupement de jeunes en bas d’un immeuble. Adresse, heure de visite, étage, digicode, les candidats ont reçu par mail toutes les informations nécessaires à la visite. En arrivant devant le studio, situé au 6e étage sans ascenseur, la porte d’entrée est grande ouverte, comme une invitation à entrer. A l’intérieur, personne. Surprise. Le propriétaire n’est pas présent pour faire visiter les lieux.

Les candidats défilent pourtant. Interloqués, ils visitent seuls le logement et repartent. Impossible de poser les questions usuelles sur l’aménagement ou le prix de l’électricité. Et aucune réponse dans la description du logement. Le coût des charges ? « Je n’en ai pas la moindre idée », assure Mylène, au moment de quitter les lieux.

« Ces derniers jours, je ne vis que pour ça »

Dans le calme de la rue, un bruit strident retentit. La notification des alertes signalant la mise en ligne de nouvelles annonces concernant des logements. Le nez scotché à son téléphone toute la journée, la jeune fille épluche toutes les annonces qu’elle trouve. Annonces de particuliers, agences immobilières, colocations, elle ne lésine aucune solution. Son temps d’écran est en moyenne de treize heures - auxquelles il faut ajouter ses huit heures de sommeil. « C’est presque un travail 24h/24, assure-t-elle. Ces derniers jours, je ne vis que pour ça ». Comme de nombreux autres étudiants.

Arrivée en avance pour sa troisième visite, Mylène sympathise avec d’autres jeunes qui se trouvent dans la même situation. Tous plaisantent sur leurs galères respectives. « Ma candidature a quand même été refusée pour un appart qui avait des infiltrations d’eau au plafond », raconte la jeune fille.

Finalement, la visite de groupe commence. Après avoir montré, encore une fois, six étages sans ascenseur, par 32 degrés, tous les candidats rejoignent le studio la respiration lourde. « Bah voilà, on rentre tous finalement », déclare l’agent immobilier à la quinzaine de personnes qu’il a réussi à entasser dans 15 mètres carrés. C’est, de loin, « le meilleur logement » que Mylène ait visité.

Sur les conseils d’une amie, elle a ajouté à son dossier une lettre de motivation dans laquelle elle mentionne « [qu’elle] est prête à ajouter 20 euros au loyer, pour avoir l‘appartement de suite ». Malgré les refus, Mylène n’a pas dit son dernier mot. « Je n’ai pas encore pris mon billet de retour », précise celle qui s’apprête à prolonger son séjour parisien à la recherche d’un toit.