QR code, nouveaux freins et ventilateurs… La RATP travaille à diminuer la pollution de l’air dans le métro
SANTÉ•Île-de-France Mobilités et la RATP investissent dans du nouveau matériel et une nouvelle communication pour améliorer la qualité de l’air dans son réseau souterrainRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Attaquées sur la qualité de l’air dans le réseau souterrain de transport francilien, Île-de-France Mobilités et la RATP ont dévoilé ce jeudi les chantiers en cours sur le sujet.
- Pour répondre aux critiques, la régie des transports va mettre en place un système d’évaluation de la qualité de l’air de son réseau, avec en prime un QR code disponible pour connaître la situation dans chaque station.
- Les freins mécaniques, principaux émetteurs de particules fines, devraient être progressivement remplacés par une nouvelle technologie moins émettrice. Et le système de ventilation est modernisé pour permettre un meilleur renouvellement de l’air souterrain.
«Transparence », c’est le mot d’ordre, répété à l’envi, par Île-de-France Mobilités (IDFM), institution organisatrice des transports de la région, et la RATP pour les mois et années à venir. Mis en cause sur la qualité de l’air par l’étude des journalistes de Vert de Rage puis une enquête du Parquet de Paris, les deux entités, « soudées » ( « Il n’y a pas une feuille à papier de cigarette entre eux et nous », dixit Laurent Probst, directeur général d’IDFM) ont organisé un point presse sur le sujet.
L’occasion de déballer les nombreuses mesures mises en place pour améliorer la qualité de l’air. Un exercice de communication, destiné à informer les usagers, mais aussi à reprendre le contrôle sur un sujet sensible ces derniers mois.
Bientôt une carte et un QR code pour connaître le niveau de qualité de l’air dans chaque station
« Depuis 2021, la qualité de l’air dans les espaces ferroviaires souterrains est mise au premier plan », insiste Laurent Probst. Pour exemple, le directeur général, annonce un partenariat noué avec AirParif, l’observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France, dans le but de mesurer et d’analyser la qualité de l’air dans tout le réseau des transports franciliens.
Depuis près d’un an, IDFM demandait les mesures effectuées par la RATP dans toutes les stations du réseau. C’est désormais chose faite et un rapport détaillé devrait être publié par AirParif au début du mois de décembre prochain.
La première mission ici est de cartographier les 300 stations de la RATP et les 50 stations de la SNCF (Profondeur, longueur, courbure, etc.). Tout cela dans le but de créer un modèle prédictif d’évaluation du niveau moyen de pollution et d’empoussièrement pour chacune d’entre elles en fonction du trafic et de l’affluence du réseau. Une carte sera alors disponible pour les usagers, à la manière des données déjà disponibles sur Internet pour les cinq stations équipées en permanence d’appareils de mesures, et notera les stations en vert, orange ou rouge selon le niveau évalué.
Pour rendre ces informations davantage accessibles aux usagers, des QR code devraient faire leur apparition dans les mois à venir dans les stations. Il suffira alors de les scanner pour obtenir les mesures directement sur son smartphone.
Une nouvelle technologie pour diminuer les particules issues du freinage
Mais parce que « mesurer c’est bien, mais agir, c’est mieux », Marie-Claude Dupuis directrice Stratégie, Innovation et Développement du groupe RATP a annoncé deux chantiers de fond sur lesquels travaille la régie des transports.
La source d’abord. Principaux émetteurs des particules fines PM10 et PM2,5 en raison de la chauffe et de l’abrasion, les freins des rames subissent de nombreuses transformations. Si aujourd’hui le réseau est déjà en grande partie équipé de freins électriques (100 % des RER, 70 % des métros), il devrait par le jeu des remplacements de trains progressivement atteindre les 100 %.
Mais les freins mécaniques restent indispensables en cas de freinage d’urgence, aussi, la RATP travaille avec l’entreprise américaine Wabtec, sur une garniture qui permet d’émettre moins de particules fines. Si ces semelles de freinage sont au banc d’essai depuis 2020, elles sont aussi en test sur trois rames du RER A. Un travail de longue haleine puisqu’elles doivent être adaptées à tous les types de trains et de systèmes de freinage présents sur le réseau.
Le système de ventilation se modernise
L’autre chantier, lui aussi entamé, est celui du renouvellement de l’air souterrain. Depuis plusieurs mois, la RATP investit massivement. Avec 57 millions d’euros alloués IDFM, la régie revoit progressivement tout son système. A l’origine, les ventilateurs dont dispose le réseau étaient prévus pour du désenfumage. Les 381 engins du réseau doivent aujourd’hui se reconvertir pour participer à la purification de l’air.
Ce renouveau passe soit par la conversion des ventilateurs pour leur offrir un système « confort » (plus doux), soit par le renouvellement des appareils, soit par l’installation de nouveaux dispositifs comme celui de la station Bastille, sur la ligne 5, et qui est capable de vider « l’équivalent d’un volume de piscine en cinq secondes ». Aujourd’hui en test, ce nouvel outil qui devrait être mis en service au cours du mois de septembre.
Contacté par 20 Minutes, Martin Boudot, journaliste à Vert de Rage, avec sa consœur Mathilde Cusin, se félicite de l’impact de l’enquête dévoilée au mois de mai : « Vendredi, nous avons été auditionnés par Delphine Bürkli [présidente de la commission régionale sur la qualité de l’air], qui nous a confirmé que nos mesures ont été un accélérateur dans le travail d’IDFM sur la qualité de l’air. Sans être catastrophistes, les mesures que nous avons relevées ont montré qu’il restait beaucoup à faire sur le sujet, et nous sommes heureux de voir que AirParif s’inspire de notre travail pour s’atteler à une cartographie précise et complète du réseau. »
Critiquée, la RATP a voulu rappeler, par la voix de Marie-Claude Dupuis, que son objectif premier était de « protéger la santé de ses salariés et de ses usagers ».