voyager légerDisparue des gares, la consigne à bagage s’est réinventée

Tourisme : En commerce ou en casier, la consigne à bagages s’est réinventée

voyager légerDisparue des gares dans les années 1990, la consigne a bagage a retrouvé une place dans les lieux touristiques
Romarik Le Dourneuf

Romarik Le Dourneuf

L'essentiel

  • Les consignes à bagages avaient disparu des gares dans les années 1990 en raison de la mise en place du plan Vigipirate et des risques d’attentats.
  • Dépose en boutique, hôtels ou restaurants, casiers automatiques… Des solutions alternatives se sont développées ces dix dernières années.
  • Ces solutions se prêtent particulièrement au tourisme moderne, plus itinérant et notamment porté par la plateforme AirBnb.

Libération de la chambre d’hôtel à 10 heures du matin… Train à 20h30… Les adeptes des week-ends prolongés connaissent le problème : Comment profiter d’une dernière journée de séjour sans s’encombrer de ses bagages ?

Pendant de nombreuses années, les gares ont proposé une solution simple et efficace : la consigne. Mais dans les années 1990, le plan Vigipirate a changé la donne et la grande majorité a été fermée pour éloigner les dangers potentiels des voyageurs.

Ne pas se « trimbaler » sa valise

Si ces consignes pointent de nouveau leur nez (aujourd’hui dans 13 gares en France, dont cinq Parisiennes), des sociétés sont apparues depuis une dizaine d’années pour combler le vide et offrir des solutions alternatives.

L’une d’entre elles, Nannybag a même signé un partenariat avec la SNCF après un appel à candidature lancé par l’entreprise publique. Lancée en 2016, cette start-up propose de déposer ses bagages et valises chez des commerçants partenaires. Boutiques, restaurants, hôtels, cafés… tous doivent être situés à 500 mètres d’une gare. « L’objectif est de proposer un service à moins de cinq minutes à pied de la gare », explique Matthieu Ballester, cofondateur de Nannybag.

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Un point qui a plu à Marie, jeune bretonne qui sort d’une boutique du quartier Montparnasse. Après trois jours passés dans la capitale, elle a quitté son logement de location du 19e arrondissement dans la matinée pour venir déposer son bagage : « Je repars ce soir de la gare Montparnasse et je voulais visiter le Panthéon et le Jardin du Luxembourg aujourd’hui sans me “trimbaler” ma valise. Alors je suis directement venue ce matin pour la déposer. C’était plus pratique pour la récupérer ici, avant de reprendre mon train. »

Une opportunité pour les commerces

Nannybag n’est pas seule à proposer ce service puisque d’autres sociétés comme Bounce ou Stasher proposent aussi des dépôts en consigne dans des commerces de la capitale. « Il suffit de télécharger notre application, de se géolocaliser, puis de choisir le commerce, l’heure de dépôt et de retrait du bagage. La réservation se fait à la journée pour 6 euros quelle que soit la taille du bagage. », précise Matthieu Ballester qui insiste sur l’exigence de qualité et d’amplitudes horaires des commerces sélectionnés par Nannybag qui « fait 50/50 » avec les commerçants sur les gains. Présent dans 40 pays dans le monde, Paris et sa banlieue restent le plus gros marché de Nannybag avec 250 consignes.

Une aubaine pour les voyageurs, mais aussi pour les commerçants comme Cécile, employée dans un salon de thé non loin de l’Opéra Garnier (9e arrondissement) qui propose les services de consigne d’un des opérateurs qui, en plus de « monétiser un espace libre », amènent un trafic dans leur boutique, et parfois des ventes annexes : « Nous avons ouvert il y a quelques mois et cela nous permet de nous faire connaître auprès des touristes qui prennent souvent un café ou un encas avant de repartir prendre leur train ou le bus pour l’aéroport. »

Client AirBnb cherche désespérément bagagesitter

Pour Ahmid aussi, la conversion d’une partie de l’arrière-boutique de son magasin de souvenir dans le quartier Saint-Michel a profité à son chiffre d’affaires : « Il y a beaucoup de demande ici. C’est un quartier touristique avec beaucoup d’hôtels et de AirBnb dans le coin donc c’est pratique pour les touristes qui repartent. »

Car oui, AirBnb a changé la donne. Contrairement aux hôtels qui proposent souvent un service de consigne pour leurs clients, les logements de la plateforme laissent souvent les visiteurs avec leurs bagages sur les bras. « Les locataires de AirBnb représentent 40 % de nos clients, témoigne Matthieu Ballester, on le voit sur les réservations qui vont souvent de la fin de la matinée au début de soirée. »

Une vague qu’avait sentie Jean-François Foncin, fondateur et président de City Locker, un des pionniers français de la consigne. Créé il y a dix ans, City Locker propose un concept différent de ceux précédemment cités, les consignes en casier : « Je voulais à l’époque une vraie consigne, pas un dépose bagage. Un produit plus moderne et accessible, avec une réservation en ligne pour être sûr d’avoir une place. » Des casiers sécurisés avec codes, sas et caméras de surveillance, et une hot-line de 8 heures à 22 heures, qu’il a proposés en premier à Paris dans les quartiers du Marais et de Saint-Germain. City Locker propose aujourd’hui six emplacements dans la capitale (le dernier verra très bientôt le jour à proximité de la gare de Lyon) avec des formules à 2 euros de l’heure et jusqu’à 15 euros la journée, sans limite de temps.

« Nous répondons vraiment à un besoin »

Une formule qui plaît avec plus de 3.000 réservations par mois. Et pas seulement aux touristes comme en témoigne Jean-François Foncin : « Certaines ambassades ou institutions, qui ne peuvent accepter certains bagages en leur sein, orientent leurs visiteurs vers mes casiers. » Fort de ce succès, City Locker prépare déjà le grand saut hors de Paris.

Ancien de chez Air France avant de se reconvertir dans la location de courte durée, Jean-François Foncin a vu l’évolution des pratiques : « Le tourisme est de plus en plus itinérant et les consignes se prêtent à cette formule. Surtout depuis l’après-Covid, c’est une explosion. Nous répondons vraiment à un besoin. »