SPORTCette cheffe, « là un peu par hasard », qui va régaler les athlètes aux JO

JO de Paris 2024 : Amandine Chaignot, la cheffe qui va régaler les athlètes au village olympique

SPORTCheffe parisienne reconnue, Amandine Chaignot fait partie des trois chefs choisis pour élaborer les menus gastronomiques qui seront servis aux athlètes
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • Lors des JO de Paris 2024, le village olympique accueillera 15.000 athlètes olympiques et paralympiques. Pendant deux mois, jusqu’à 40.000 repas seront servis chaque jour par les équipes de restauration de Sodexo Live !.
  • Pour leur proposer une expérience gastronomique digne de la réputation française, l’entreprise a fait appel à trois chefs : Amandine Chaignot, Akrame Benallal et Alexandre Mazzia.
  • La cheffe Amandine Chaignot s’est confiée à 20 Minutes sur sa manière d’appréhender l’événement, et sa conception engagée de l’art culinaire.

C’est une succession d’heureux hasards qui la propulse, l’été prochain, au sein du très sélect village olympique. Durant les deux mois les plus attendus de l’année 2024, Amandine Chaignot fera partie des trois chefs qui élaboreront les menus des athlètes. Une opportunité « qu’[elle] ne connaîtra certainement pas deux fois », assure cette dernière. « Je n’ai pas hésité une seconde », déclare-t-elle, débordante d’enthousiasme. Rien, pourtant, ne la prédestinait à vivre cette aventure. Celle qui sera plongée en plein cœur de l’événement n’aurait « même pas regardé les JO à la télé », en temps normal. Certainement se serait-elle contentée de regarder des extraits en ligne.

Un peu comme avec la cuisine, elle est « arrivée là par hasard ». Fille d’une directrice de recherche au CNRS, habituée à évoluer « dans sa bulle » et engagée dans des études de pharmacie, Amandine Chaignot s’est tournée tardivement vers l’art culinaire. Un jour, elle a tout plaqué dans l’idée d’ouvrir un salon de thé. Au fur et à mesure des stages et des rencontres, elle a révélé un véritable talent et entamé une carrière fructueuse. Aujourd’hui, la cheffe a ouvert plusieurs restaurants à Paris et collabore étroitement avec les équipes de Sodexo Live ! pour la restauration de grands événements.

Lorsque ces équipes ont remporté l’appel d’offres pour la restauration du village olympique, elle s’est naturellement vu proposer un poste aux côtés des chefs étoilés Akrame Benallal et Alexandre Mazzia. Mise en avant des circuits courts, cuisine empreinte de voyages ou encore art gastronomique inspiré d’une enfance au Congo, « l’idée était d’avoir un panel représentatif de la restauration française actuelle », résume-t-elle. Chaque chef proposera quatorze recettes, qui seront adaptées puis servies par les équipes de restauration.

Dans la cuisine comme dans le sport, transmettre des valeurs

Si l’intrépide cheffe n’est pas du genre à mater le sport à la télévision, elle est loin d’y être réfractaire. « J’ai besoin de me dépenser au quotidien, je fais de la course à pied, de la danse et de la boxe », précise-t-elle. Le parallèle n’est pas des plus communs mais Amandine Chaignot voit une grande cohérence entre la pratique de la cuisine et celle du sport. « Cette grande ferveur derrière les victoires, le collectif qui porte l’exploit d’un individu, c’est quelque chose qui nous parle, assure-t-elle. En cuisine, on est tous dans la recherche d’un dépassement collectif. Il y a beaucoup de valeurs communes. »

La cheffe, particulièrement engagée, cherche justement à transmettre ses valeurs à travers sa cuisine. La restauration du village olympique ne l’aidera pas forcément à étendre son registre de clientèle à l’international puisqu’elle s’adresse « uniquement aux athlètes, donc à une population très niche ». Mais cela pourrait bien lui permettre d’introduire une idée positive de la cuisine végétarienne auprès de personnes venues des quatre coins du monde.

Comme elle le fait déjà, notamment dans son restaurant Pouliche, elle cherche à parler au plus grand nombre avec une approche « pas trop segmentée, ni fermée ». Les plats proposés sont en grande partie végétariens, mais pas uniquement, pour ne pas brusquer. Un message qui s’adresse aussi aux équipes de restauration. « On essaye de pousser les grosses entreprises à travailler dans le bon sens, si possible avec du local, de la qualité issue de l’agriculture bio ou raisonnée », poursuit-elle.

Des menus réservés aux grands événements

Mais les chefs ne sont pas seuls maîtres des menus qu’ils élaborent. S’ils sont pour l’instant libres de composer les menus de leur choix, ils devront recevoir l’approbation de Sodexo Live ! puis du Comité d’organisation des Jeux olympiques et Paralympiques (COJO). « C’est une grosse machine », rappelle la cheffe. Pendant deux mois, jusqu’à 40.000 prestations seront servies chaque jour au Village des athlètes, qui accueillera 15.000 athlètes olympiques et paralympiques. Près de 1.000 salariés seront mobilisés au sein d’un restaurant et de six « chill area ». Des espaces informels qui proposeront de la nourriture à emporter, et où chefs et athlètes seront amenés à se rencontrer.

La nourriture gastronomique restera réservée à la restauration de plaisir, lors des cérémonies d’ouverture ou de clôture et au moment des remises de médailles. « On ne prétend pas pouvoir composer, comme des diététiciens, avec les contraintes nutritives qui accompagnent la préparation sportive des athlètes », explique la cheffe. Il s’agit avant tout de donner à voir le savoir-faire gastronomique français. Une expérience incontournable de toute visite à Paris.



Tout reste à l’état de projet mais 20 Minutes peut déjà vous révéler les plats phares des chefs. Pommade de pois chiches herbacés, petits pois, lait de poissons fumé pour Alexandre Mazzia et muesli de quinoa croustillant pour Akrame Benallal. Quant à Amandine Chaignot, elle met l’accent sur le côté local avec sa volaille aux écrevisses accompagnée de gnocchis de pommes de terre, sauce poulette. Tentant, n’est-ce pas ?