JO de Paris 2024: La pression policière s’accroît en Ile-de-France, qui sera la vitrine du pays
on résume•Les opérations policières se multiplient pour « nettoyer » le territoire francilien, les autorités ne se cachant pas de vouloir donner une « bonne image » du paysA.L.
Ce fut annoncé dès le mois d’octobre : pour les Jeux olympiques, Gérald Darmanin voulait un objectif de « zéro délinquance ». Les détails de ce plan sont désormais mis en action, avec une augmentation significative des moyens côté police et justice, à Paris et proche banlieue.
Mi-avril, Gérald Darmanin a annoncé l’affectation de « 2.800 gardiens de la paix supplémentaires dans l’agglomération parisienne sur l’année 2023 ». Il devrait y en avoir « 500 dès le mois de mai, 436 en septembre, 1.200 en novembre et 656 en décembre », ajoutait le ministre dans une lettre adressée au préfet de police Laurent Nuñez.
« Saturer l’espace public de policiers »
Laurent Nuñez a détaillé récemment l’intention du ministre dans une interview au journal Le Parisien : « Aujourd’hui, nous intervenons beaucoup en petite couronne, sur les futurs sites des Jeux olympiques et dans les lieux sensibles de Paris comme au Champ-de-Mars, au Trocadéro ou dans l’Est parisien. L’idée est de monter en puissance et d’être de plus en plus présents en petite couronne et sur tous les sites touristiques. Plus on va s’approcher des JO, plus on va saturer l’espace public de policiers. »
Illustration de cette doctrine : lundi dernier, quatorze personnes ont été arrêtées dans une opération policière contre un point de deal situé à proximité du Stade de France à Saint-Denis.
Nettoyer le territoire pour une question d’image
Ces actions policières ont nécessairement un impact côté justice, qui voit grandir le nombre de garde à vues et de procédures. Interrogé mi-mars à ce sujet, le procureur de Bobigny a indiqué à 20 Minutes avoir constaté depuis la fin 2022 une augmentation de 55 à 88 % des gardes à vue en matière de stupéfiants. Il s’inquiétait, au moment où « son » tribunal est déjà saturé, de n’être pas en mesure d’absorber le surcroît d’activité des JO, alors que près de la moitié des épreuves vont se dérouler en Seine-Saint-Denis.
« Et l’activité ne va faire qu’augmenter », précisait Eric Mathais, qui a demandé des moyens supplémentaires en magistrats, en contractuels et en greffiers pour la rentrée 2023. Le tribunal devrait obtenir une augmentation significative de ses moyens, selon nos informations.
L’objectif implicite de l’Etat est de « nettoyer » le territoire francilien, pour donner une bonne image du pays. Le procureur de Bobigny le reconnaît sans peine : « Il y a une question d’image. » Le département de la Seine-Saint-Denis est l’un des plus criminogènes du pays. ll s’agit de « s’attaquer à la délinquance et particulièrement au phénomène d’accaparation de l’espace public : les points de deal, la vente à la sauvette, les gares où l’on se sent en insécurité… », résumait fin mars Michel Lavaud, directeur territorial de la sécurité de proximité de Seine-Saint-Denis, qui dépend de la préfecture de police de Paris.
Outre l’augmentation des interpellations, gardes à vue et de l’emprisonnement, le préfet de la région mise aussi sur l’envoi de migrants en dehors de la région parisienne. L’Etat est en train d’ouvrir 10 sas en région, pour désengorger l’Ile-de-France.